samedi 15 mai 2010

Cours "L'affrontement Est-Ouest"

L'AFFRONTEMENT EST/OUEST ET
LA DISSOLUTION DES BLOCS DE 1945 À NOS JOURS
Première partie (1945-1975)

Les Etats-Unis et l'URSS sont alliés pendant la 2nde Guerre Mondiale, face à un ennemi commun, l'Allemagne nazie : c'est la Grande Alliance. Mais, une fois la guerre finie, ils vont devenir rivaux et le monde va être divisé en deux, entre les Etats-Unis et leurs alliés d'un côté (l'Ouest), l'URSS et leurs alliés de l'autre (l'Est) On parle de bipolarisation du monde autour des deux Grands. Il y a plusieurs phases dans cet affrontement Est/Ouest :
1) la période de la Guerre Froide de 1945 à 1953 : les deux Grands vont s'affronter, se "chercher" mais sans en venir à un conflit les impliquant directement. On se bat par pays interposés et sur le terrain idéologique.
2) La période de la Coexistence pacifique (le Dégel) de 1954 à 1963 (après la guerre de Corée et la mort de Staline) : les deux Grands essaient de s'entendre pour éviter l'escalade.
3) La période de la Détente de 1963 à 1975, après les crises de Berlin et Cuba. Les deux Grands décident de gérer en commun les affaires mondiales, en s'accommodant de la présence de l'autre.
4) La période de la "guerre fraîche" de 1975 à 1985, : les relations entre les Deux Grands se gâtant à nouveau.
5) La nouvelle Détente de 1985 à 1991 : cette période d'amélioration des relations entre Etats-Unis et URSS s'achève avec la disparition de l'URSS.

I) 1945-1953 : DE L'ALLIANCE À LA GUERRE FROIDE

A) La fin de la Grande Alliance : 1947, la rupture

L'alliance entre les Etats-Unis et l'URSS ne survit pas à la fin de la guerre :
* Les Américains reprochent aux Russes de :
- vouloir construire en Europe de l'Est (territoires libérés de la domination nazie par l'Armée Rouge) une zone d'influence soviétique. Staline veut effectivement y créer un glacis défensif.
- d'avoir dans ce but influencé les élections, où des gouvernements communistes ont été élus
* Les Russes reprochent aux Américains de :
- vouloir s'imposer en mettant en avant la bombe atomique qu'ils sont les seuls à posséder
- être trop cléments avec les Allemands car le processus de dénazification (traque des dirigeants et sympathisants nazis, décidé en commun pendant la guerre) est arrêté dans les territoires sous contrôle américain.
L'Europe est le premier terrain d'affrontement des deux Grands. L'année 47 est une année très dure en Europe (restée en mémoire comme "l'année terrible") : pénurie alimentaire, difficultés économiques, inflation… La joie née de la libération est retombée et le mécontentement des populations s'accentue. Les Etats-Unis ont peur que ce mécontentement soit exploité par les partis communistes occidentaux et décident de réagir pour éviter une "contagion" communiste en Europe de l'Ouest.

TP 1 : les doctrines Truman et Jdanov

Le 12 mars 1947, le président Truman prononce un discours devant le Congrès américain où il expose sa volonté d'endiguer (freiner, contenir) le communisme : c'est la doctrine du "containment".
Le 5 juin 1947, le général Marshall, secrétaire d'État de Truman, propose à l'Europe une aide économique pour reconstruire l'Europe : c'est le plan Marshall. Il prétend que cette offre s'adresse aussi à la Russie et à l'Europe de l'Est, sachant pertinemment que l'URSS va refuser (DOC 3 p.158 et 5 p.159).
Ce qui se passe effectivement…
La riposte soviétique est immédiate (sept. 47) : sa propre doctrine est élaborée par A. Jdanov, qui prône la prise du pouvoir par les partis communistes dans tous les pays européens. L'URSS crée pour cela le KOMINFORM, organe de coordination de tous les PC d'Europe, pour les encourager à lutter contre le capitalisme et déclencher des grèves révolutionnaires.
Deux conceptions divergentes du monde sont face à face :
A partir de ce moment, l'Europe est coupée en deux par un "rideau de fer" de Stettin (sur la Baltique) à Trieste (sur l'Adriatique), selon l'expression de W. Churchill. Chacun va chercher à consolider son camp et former ce qu'on appelle un bloc.

B) Au cœur de la Guerre froide (1948-1953)

1) La formation des blocs

DOCS 1 p.154, 1 p.158 et 3 p.164 + POLYCOPS SUR LA FORMATION DES BLOCS

Le bloc américain regroupent derrière les Etats-Unis les pays d'Europe de l'Ouest (et leurs colonies au début). Selon les Américains, c'est "le monde libre", celui des démocraties libérales et du capitalisme. Tous les pays du bloc américain sont anti-communistes. Aux Etats-Unis, cela tourne même au délire avec le sénateur Mac Carthy qui organise une véritable "chasse aux sorcières" contre les partisans supposés du communisme aux Etats-Unis (création de la CIA, les services secrets en 1947)
Les EU multiplient les alliances pour encercler et contenir le bloc communiste :
- 1949 : signature du Pacte atlantique et création de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, alliance militaire avec l'Europe de l'Ouest), alors que l'URSS dispose de la bombe atomique.
- 1954 : OTASE (Organisation du Traité de l'Asie du Sud-Est), idem OTAN, mais pour l'Asie
- 1955 : Pacte de Bagdad, avec la Grande-Bretagne, la Turquie, l'Iran, le Pakistan et l'Irak.

Le bloc soviétique regroupe derrière l'URSS toute l'Europe de l'Est depuis le Coup de Prague (Staline a fait échouer une tentative tchécoslovaque de mettre en place un gouvernement pas seulement composé de communistes, mais aussi de démocrates). Mise en place des démocraties populaires, véritables États-satellites de l'URSS. Ceux qui voudraient s'éloigner du modèle stalinien sont éliminés par des procès politiques et finissent au goulag. Les hommes au pouvoir dans ces pays sont entièrement dévoués à Staline. Le bloc communiste se renforce en 1949 lorsque la Chine devient communiste (Mao Zedong)
L'URSS renforce aussi ses liens avec les "pays frères" par des alliances :
- 1949 : CAEM (Conseil d'Assistance Economique Mutuelle aussi appelée comecon) pour développer des liens économiques (en fait : intégration éco des démocraties populaires à l'espace soviétique)
- 1955 : Pacte de Varsovie, alliance militaire.

2) L'affrontement des blocs

Deux graves crises vont secouer le monde et mettre face à face les deux Grands.
* La première crise de Berlin (1948-1949) : VOIR LE DEVOIR SUR BERLIN et LES DOSSIERS p.156-157 et 160-161
* La guerre de Corée (1950-1953) : DOCS 4 et 5 p.165
La Corée a été sous domination japonaise (allié de l'Allemagne nazie). A la fin de la guerre, le pays (comme l'Allemagne) est divisé en 2, de part et d'autre du 38e parallèle : au Sud, sous influence américaine, au Nord sous influence soviétique. Le 25/06/50, la Corée du Nord, encouragée et armée par Staline, envahit le Sud. Les Américains interviennent, sous mandat de l'ONU, mais sont bousculés par des troupes communistes chinoises. On est au bord de la 3e Guerre Mondiale. Le général Mc Arthur propose même de larguer une bombe atomique et d'attaquer la Chine. Truman le révoque et le conflit va s'enliser. Fin 51, le front se stabilise autour du 38e parallèle. La paix signée en 1954 est une "paix blanche" : on retourne à la situation de 1950 Avec ce conflit, la guerre froide a pris une dimension mondiale. Et surtout on s'est fait suffisamment peur pour se dire qu'il faudrait calmer le jeu…

II) 1953-1973 : DE LA COEXISTENCE PACIFIQUE À LA DÉTENTE

POLYCOPIES : LA DETENTE ET LA SITUATION A LA FIN DES ANNEES 60

A) Le dégel : la coexistence pacifique

La mort de Staline (5/03/1953) entraîne un dégel immédiat
Les Russes sont les premiers à proposer la coexistence pacifique, dès le mort de Staline (5/03/1953). Au XXe Congrès du Parti Communiste Soviétique (février 56), le nouveau dirigeant de l'URSS, Nikita Khrouchtchev admet que les deux systèmes (capitalisme et communisme) peuvent coexister sans s'agresser.
URSS et Etats-Unis ont tout autant intérêt au dégel l'un que l'autre :
* la course aux armements handicape lourdement l'économie des deux pays (fabriquer des armes coûte cher !)
* un nouvel acteur vient troubler les relations internationales : les 29 premiers États qui viennent d'accéder à l'indépendance, le Tiers-Monde, viennent de se réunir à Bandung (1955) et ont affirmé ne pas vouloir s'aligner sur l'un ou l'autre des deux Grands (VOIR LE COURS SUR LA DECOLONISATION ET L'EMERGENCE DU TIERS-MONDE).
* mais surtout, depuis que l'URSS a la bombe nucléaire (bombe A 1949, bombe H en 1953), c'est l'équilibre de la terreur nucléaire : les deux savent qu'ils peuvent s'anéantir mutuellement et que ce n'est peut-être pas la peine d'en arriver jusque là…

Deux évènements, en 1956, illustrent bien cette volonté de s'entendre :
- Les ÉU laissent l'URSS réprimer dans le sang la tentative de la Hongrie de s'éloigner du modèle soviétique. En d'autres temps, les Américains auraient certainement sauté sur l'occasion de causer du tort à l'URSS en aidant les Hongrois, mais là, ils ne disent rien : "fais ce que tu veux dans ton camp, du moment que je peux faire la même chose dans le mien"…
- ÉU et URSS vont même s'entendre pour arrêter une attaque franco-anglo-israélienne sur l'Égypte censée punir Nasser (le dirigeant égyptien) parce qu'il a nationalisé le canal de Suez, contrôlé financièrement par la Grande-Bretagne et la France.

B) Les limites du dégel

Deux graves crises viennent remettre en cause la Coexistence pacifique
* La 2nde crise de Berlin en 1961 avec la construction du mur : VOIR LE DEVOIR SUR BERLIN
* La crise des missiles de Cuba en 1962 : DOCS 2 et 3 p.176
Un avion espion américain prend des clichés de l'île de Cuba, devenue communiste en 1959 (Révolution de Fidel Castro), qui révèlent la présence de rampes de lancement de missiles, pointées vers les ÉU. Dans le même temps, on apprend que des navires partent d'URSS, avec à leur bords des missiles justement, et se dirigent vers Cuba… Le président américain J. F. Kennedy réagit fermement et annonce dans un discours le 22/10/1962 qu'il attaquera l'URSS si un seul missile est tiré depuis Cuba Les négociations et menaces vont durer plusieurs jours, au cours desquels le monde retient son souffle, persuadé que la 3e Guerre mondiale va éclater. Finalement Khrouchtchev cède et les navires russes font demi-tour. N'empêche que les deux Grands se sont fait peur. Cette crise très grave leur a montré la nécessité de dialoguer et que ce dialogue est possible puisque cela vient de marcher.

. C) La Détente (1963-1973)

DOSSIER p.166-167

C'est pour cela qu'est établi un "téléphone rouge" (en fait un télétype, sorte d'ancêtre du fax) entre la Maison Blanche à Washington et le Kremlin à Moscou, qui permet aux deux Grands d'être en contact permanent. Mais, la crise de Cuba et la prise de conscience que tout affrontement serait suicidaire ne sont pas les seules raisons qui les poussent à la Détente : chacun a des problèmes avec ses propres alliés.
* La suprématie américaine est contestée dans son bloc et notamment par la France de De Gaulle qui quitte l'OTAN en 1966. En plus, les ÉU sont enlisés dans la guerre au Vietnam, et la population américaine conteste de plus en plus cette guerre coûteuse en hommes et en argent (DOC 3 p.166).
* De son côté, l'URSS a aussi des problèmes avec ses alliés. Elle rompt avec la Chine communiste de Mao en 1963 (Mao conteste la Coexistence pacifique qu'il considère comme une soumission de l'URSS aux ÉU). En plus, les démocraties populaires d'Europe de l'Est s'agitent en demandant plus de démocratie. En 1968, la Tchécoslovaquie d'Alexandre Dubcek essaie de se démocratiser ("socialisme à visage humain"), tentative qui est réprimée dans le sang, comme en Hongrie en 56 (DOC 2 p.166).

Attention cependant aux visions trop idéalistes : la Détente, c'est admettre la discussion avec l'autre sur des problèmes pouvant exister, mais on n'abandonne pas pour autant le surarmement, considéré comme une force de dissuasion. Mais, des avancées considérables sont faites ;
* Les deux Grands s'entendent pour diminuer l'armement nucléaire (mais que le nucléaire et pas les armes dites conventionnelles = missiles, chars, avions, etc.). Le traité le plus important qui est signé est les accords SALT 1 (Stratégic Arms Limitation Talks) en 1972, dans lequel ils s'engagent à limiter leur arsenal nucléaire.
* Les dirigeants des deux pays se rencontrent fréquemment et signent des accords de coopération (deux exemples parmi d'autres : en 72, les ÉU acceptent de livrer des céréales à l'URSS ; en 75, un vol spatial commun Soyouz-Appolo a lieu, DOC 4 p.167…)
* L'apogée de la Détente semble être la conférence d'Helsinki (Finlande, 1975 : DOC 5 p.167) où tous les participants, EU, URSS et leurs alliés, se promettent mutuellement de ne plus contester les frontières héritées de la guerre, de coopérer du point de vue économique et se tout faire pour s'entendre…

En fait, la confrontation indirecte entre les deux Grands se déplace vers le Tiers-Monde, en périphérie des deux blocs, d'où leur nom de conflits périphériques.

D) La persistance de conflits périphériques

Dans tous les cas, URSS et ÉU s'entendent pour éviter que ces conflits ne dégénèrent en crise grave, mais ces conflits se déroulent quand même… :
* La guerre du Vietnam où les Américains sont engagés depuis 1965. Ils apportent une aide militaire au Vietnam du Sud, capitaliste contre le Vietnam du Nord communiste (les combattants nord-vietnamiens sont appelés Vietcongs). Ils y connaissent de cuisants revers après 1968 et se désengagent progressivement du conflit, avant de partir définitivement du Vietnam en 1975, quand les chars vietcongs entrent à Saigon, capitale du Sud Vietnam. Il s'agissait pour les Américains d'endiguer le communisme en Asie du Sud Est (théorie des dominos : si un pays devient communiste dans cette région, tous les autres le deviendront). Paradoxalement, cet enlisement américain renforce la Détente : ils sont trop embourbés dans ce conflit pour se permettre de se mettre l'URSS à dos.
* La guerre au Proche-Orient (DOSSIER p.180), où plutôt devrions-nous dire les guerres, puisque Israël et les pays arabes de la région entrent 4 fois en conflit : en 1948/1949, en 1956 (affaire de Suez), en 1967 (Guerre des 6 jours) et en 1973 (guerre du Kippour). A chaque fois, les conflits tournent à l'avantage d'Israël qui agrandit son territoire. Le Proche-Orient devient une véritable poudrière, avec le rajout du problème palestinien. Dans ce contexte très difficile, les ÉU (pro-israéliens) et l'URSS (pro-arabes) poussent à la négociation, tout en soutenant leurs alliés respectifs. En vain, donc…

Mais la Détente va bientôt être remise en cause… C'est la seconde partie de ce cours.

L'AFFRONTEMENT EST/OUEST ET
LA DISSOLUTION DES BLOCS DE 1945 À NOS JOURS
Seconde partie (1975-1995)

Et tout de suite, la suite…

I) LES RELATIONS INTERNATIONALES GRIPPÉES (1975-1985)

La Détente ne dure pas. A partir du milieu des années 70, les relations Est/Ouest se dégradent de nouveau : on parle de "guerre fraîche" pour distinguer cette période de celle proprement dite de guerre froide (1945-1953), mais on revient bien à des réflexes et à un discours dignes des premières années de l'affrontement des blocs.

A) Le repli américain et les avancées soviétiques

Cela peut paraître incroyable, mais à la fin des années 70, les Etats-Unis sont affaiblis diplomatiquement et politiquement.
Ils doivent encaisser un certain nombre de claques difficiles à surmonter :
* à l'intérieur :
- Le pays est ébranlé par une crise politique : une enquête révèle que le président républicain Nixon (1968-1972, réélu pour un 2nd mandat en 1972) est compromis dans une affaire d'écoute illégale : le Watergate (du nom de l'immeuble où ont été posés les micros, dans lequel se trouvaient les bureaux du parti démocrate). Il démissionne en août 1974.
* à l'extérieur :
- Ils n'ont pas pu empêcher le Vietnam de devenir communiste. En 1975, les chars vietcongs entrent dans Saigon, capitale du sud Vietnam pro-américain et les derniers Américains encore présents quittent le pays en catastrophe. C'est un échec cuisant pour les É-U. Le Vietnam va même envahir le Cambodge (DOC 3 p. 172)
- En Iran, pays ami des É-U, a lieu une révolution islamiste menée par l'ayatollah Khomeyni (1979) qui instaure un régime fondamentaliste très anti-américain. Les É-U perdent un allié précieux dans la région. Les choses se compliquent encore lorsque le personnel de l'ambassade américaine à Téhéran est pris en otage (toujours en 79). Le président Carter va tenter de libérer les otages par la force et c'est un fiasco total.
- Les É-U ne s'entendent plus aussi bien avec leurs alliés occidentaux. Le problème est avant tout économique : il y a des tensions avec le Japon et la Communauté Economique Européenne qui tournent à la guerre commerciale. En plus, la CEE ose passer des accords de coopération avec l'URSS concernant le gaz naturel…

Durant cette même période, l'URSS, au contraire, accroît son influence :
En dépit de quelques difficultés en Europe de l'Est (notamment en Pologne au début des années 80), l'influence de l'URSS dans le monde est à son maximum :
- Les Soviétiques interviennent en Afghanistan en décembre 1979, à la demande du gouvernement communiste du pays, qui se sent menacé car de plus en plus contesté par la population afghane. Cette intervention est considérée par les Occidentaux comme une remise en cause de la Détente.
- Ils gagnent en influence en Asie, par le biais du Vietnam, qui s'aligne sur l'URSS dès 1975 (DOC 3 p. 172).
- Ils avancent en Afrique où de nombreux pays tombent sous leur influence
- Ils progressent également en Amérique latine, en soutenant les guérillas communistes contre des régimes souvent dictatoriaux favorisés par les Américains.
- Enfin, ils déploient une impressionnante puissance militaire et notamment en Europe de l'Est, où ils installent de nouveaux missiles (les SS20, appelés aussi Euromissiles) pointés sur l'Europe de l'Ouest.

B) Le raidissement des É-U : "America is back"

Les É-U finissent par réagir en durcissant leur position : ils rompent le dialogue Est/Ouest engagé depuis la Détente.
Ce raidissement est visible dès la fin du mandat Carter (1976-1980) : refus de ratifier les accords SALT 2, mesures symboliques contre l'URSS comme l'arrêt de livraison de céréales ou le boycott des Jeux Olympiques de Moscou en 1980…
Mais, le champion de la réaction est Ronald Reagan (1980-1984, réélu en 1984-1988) qui développe un discours expliquant que l'URSS c'est "l'empire du mal", le "Grand Satan" et que, avec lui, "l'Amérique est de retour". Tout un programme…
Les mesures concrètes qu'il prend sont révélatrices :
- Les É-U aident financièrement tous ceux qui luttent contre le communisme : les régimes dictatoriaux d'Amérique latine (la guerre civile ensanglante la région), les résistants afghans, y compris certains mouvements intégristes (et notamment un certain Ben Laden, alors leur allié). Ils tentent également de contrer l'influence de l'URSS en Afrique.
- Reagan redonne la priorité au budget militaire : c'est à cette époque que l'on conçoit le projet IDS (dit aussi "guerre des étoiles", véritable défi technologique et financier…), qu'on implante en Europe occidentale des missiles pointés sur l'URSS (Pershing II. Voir le DOC 4 p.177).
- Pour payer tout cela, Reagan fait des coupes sombres dans les budgets sociaux et dans l'aide envoyée dans le Tiers-Monde…

II) UNE NOUVELLE DÉTENTE ET L'EFFONDREMENT DU BLOC DE L'EST (1985-1995)

A) Le dialogue renoué : la Nouvelle Détente

TP SUR GORBATCHEV

En 1985, Mikhaël Gorbatchev arrive au pouvoir (1er Secrétaire Général du Parti Communiste d'Union Soviétique = chef de l'État en URSS) et manifeste aussi un désir de relancer la Détente et de mettre un terme à la Guerre fraîche.
Pourquoi ?
Parce que si l'URSS paraît puissante vue de l'extérieur, ce n'est pas vraiment le cas vu de l'intérieur…
- L'économie stagne : l'industrie est très peu performante, l'agriculture improductive, les conditions de vie des Russes se dégradent… L'URSS n'a plus les moyens de payer la course aux armements que vient de relancer Reagan.
- L'URSS est de + en + isolée sur le plan international :
* Les Démocraties populaires d'Europe de l'Est commencent à se rebiffer contre l'autorité de Moscou (Hongrie, Tchécoslovaquie, Pologne…)
* Les tensions sont vives avec la Chine, l'autre géant du communisme
* La politique extérieure de l'URSS est de plus en plus contestée dans le monde : on critique l'intervention en Afghanistan où l'URSS est en train de s'enliser (certains disent que l'Afghanistan a été le Vietnam des Russes), le déploiement des missiles SS2O en Europe, etc.

Bref, pour Gorbatchev, il apparaît clairement qu'il faut réformer l'URSS en profondeur, autant à l'intérieur qu'en ce qui concerne la politique extérieure. Les réformes que Gorbatchev entreprend tournent autour de 2 axes :
- La Perestroika = la "Reconstruction" en russe. Il s'agit de reconstruire le système socialiste en instaurant une réforme radicale de l'économie (autorisation des entreprises privées individuelles, création de coopératives agricoles encouragée, ouverture du marché soviétique aux investissements étrangers, etc.)
- La Glasnost = "Transparence" en russe : suppression de la censure, libération de nombreux dissidents politiques jusque là emprisonnés ou en résidence surveillée, rétablissement des libertés d'expression et de religion…
En 1990, le nouveau Congrès (une autre création de Gorbatchev) abolit le "rôle dirigeant du Parti" (en URSS, le PC contrôlait toutes les institutions) et élit Gorbatchev président de l'URSS pour 5 ans.

Gorbatchev fait preuve d'ouverture vers les É-U afin de relancer la Détente. Les É-U répondent favorablement pour plusieurs raisons :
- Ils ont eux aussi quelques difficultés internes : un scandale à propos de vente d'armes à l'Iran est dévoilé (appelé l'Irangate par analogie au Watergate) et dans lequel certains noms de proches de Reagan reviennent régulièrement. Il y a aussi des problèmes économiques liés aux énormes dépenses militaires.
- Il semblerait aussi que Reagan arrivant au terme de son 2nd mandat (il ne peut y en avoir de 3e selon la Constitution américaine) ait voulu passé à la postérité comme le président américain ayant signé des accords historiques avec l'URSS.

Cette reprise du dialogue est marquée par des gestes concrets :
- de nombreuses rencontres au sommet entre Reagan (puis G. Bush senior, son successeur) et Gorbatchev créant un climat de confiance propice à la signature de nombreux accords.
- un désarmement progressif des deux Grands :
* signature du traité de Washington le 7/12/1987 (DOC 5 p.177) grâce auquel les missiles SS20 et Pershing II sont retirés d'Europe.
* des accords pour interdire les armes chimiques (1989), limiter l'armement conventionnel en Europe (1990)…
- le retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan comme preuve de leur bonne volonté (les derniers soldats russes quittent le pays en 1989).

Pour expliquer tant de bonne volonté et de générosité, il faut savoir que :
- le monde n'est plus centré sur Washington et Moscou : de bipolaire, il est devenu multipolaire avec de nouvelles puissances émergentes (cf. le cours de géographie sur l'organisation du monde et celui sur la décolonisation) qui refusent de s'aligner sur l'un ou l'autre camp.
- certains conflits échappent totalement au contrôle des deux Grands comme la guerre civile au Liban, la guerre Iran/Irak que ni l'un, ni l'autre ne sont en mesure d'arbitrer.

B) L'implosion du bloc soviétique et la fin de l'URSS

TP SUR LA FIN DU BLOC SOVIETIQUE + CARTE 1 p.174

Petit à petit l'URSS se désengage en Europe de l'Est : Gorbatchev laisse les Démocraties populaires échapper au contrôle de Moscou. Et l'empire soviétique en Europe de l'Est va s'effondrer comme un château de cartes, après une série de révolution non violentes en 1989.
- Cela commence par la Pologne, où le syndicat clandestin Solidarité (Solidarnosc) qui luttait contre le régime communiste depuis le début des années 80 est enfin autorisé. Son leader, Lev Walesa est nommé 1er ministre. C'est la 1ère fois qu'un non communiste participe au gouvernement depuis 1945.
- Cela continue par la Hongrie qui abat le rideau de fer, au sens propre comme au figuré : les frontières sont ouvertes et on annonce officiellement l'abandon de la doctrine du marxisme- léninisme et de prochaines élections libres.
- L'émancipation de la Hongrie conduit à la chute du Mur de Berlin et à la réunification allemande. - En Tchécoslovaquie, c'est la "révolution de velours" où, tout en douceur, l'écrivain-dissident Vaclav Havel, qui a passé de longues années en prison sous les communistes, devient Président.
- Le seul cas de violence est la Roumanie, où Nicolas Ceaucescu s'accroche au pouvoir et est finalement exécuté au terme d'une révolution violente.
Des élections libres sont organisées en 1990 dans toute l'Europe de l'Est et les dirigeants communistes sont tous évincés. Le Pacte de Varsovie est dissous en 1991.
Gorbatchev laisse faire… il faut dire que lui-même a de sérieux problèmes en URSS

Parallèlement, l'URSS est en train de disparaître…
- La Perestroika va trop vite et les Russes connaissent de graves problèmes économiques.
- Un certain nombre de nationalités au sein de l'URSS, comme les États baltes par exemple, commencent à s'agiter, réclamant plus d'autonomie, voire l'indépendance.
Des militaires, mécontents de la politique de Gorbatchev, tentent un putsch (un coup d'État) en août 91. Il échoue, mais un certain Boris Eltsine, en profite pour se mettre sur le devant de la scène. Alors que toutes les républiques fédérées de l'URSS proclament leur indépendance, Gorbatchev doit démissionner le 25/12/1991 (DOC 2 p. 174) : le pays dont il est président n'existe plus !
L'URSS disparaît donc, laissant la place à la Communauté des États Indépendants (CEI)

CONCLUSION : Ce n'est pas pour cela que les choses se sont arrangées…

Bien au contraire, alors que pendant 40 ans, l'affrontement Est/Ouest a dominé les relations internationales, les deux Supergrands faisaient la loi.
Maintenant que l'URSS a disparu (et s'est enfoncé dans une crise économique et sociale), les É-U restent les seuls gendarmes du monde (et ils envisagent ainsi leur nouveau rôle politique et diplomatique : DOC 4 p.175). Mais, il faut bien avouer qu'ils ne s'intéressent qu'aux problèmes qui menacent leurs propres intérêts. Ils peuvent très rapidement intervenir en Irak et au Koweït (Guerre du Golfe en 1990-1991 : DOC 3 p.174), mais se refusent à toute intervention au Rwanda, lors des massacres de 1994-1995…
C'est même cette position hégémonique des É-U qui crée maintenant des conflits : l'intégrisme est une des réponses que certains pays opposent à la toute puissance américaine (DOC 5 p.175).
Alors, certes la Guerre froide est finie, mais cela ne veut pas dire que nous entrons dans une ère de stabilité géopolitique dans le monde. Un nouvel antagonisme Nord/Sud a remplacé celui opposant l'Est à l'Ouest.
La meilleure conclusion à ce cours ? La situation en Afghanistan ou la guerre en Irak…

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