samedi 15 mai 2010

Cours "La France depuis 1945"

LA FRANCE DEPUIS 1945
Première partie : LA FRANCE DE LA IVe REPUBLIQUE


TRAVAIL SUR LA FRISE CHRONOLOGIQUE ET LES REGIMES POLITIQUES DEPUIS 1945.

Rappel : la IIIe République est morte lorsque Pétain s’est autoproclamé chef de l’État français le 10 juillet 1940. A la libération, le régime de Vichy s’effondre.

I) LES DÉBUTS DE LA IVe RÉPUBLIQUE

A) LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE DE GAULLE

A la Libération, la France est dévastée et désorganisée. De retour à Paris, le 25/08/1944, De Gaulle préside le nouveau Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF), composé de ministres issus de tous les différents groupes de résistants. Effectuant de nombreux voyages sur tout le territoire français, De Gaulle réussit à rétablir partout l’autorité de l’État (c’est ainsi qu’il met fin aux mouvements spontanés d’épuration en faisant passer les anciens collaborateurs devant des tribunaux d’État).

Les libertés de réunion et d’opinion étant rétablie (ainsi que la liberté de presse), les partis politiques d’avant-guerre renaissent : SFIO et PCF. Les chrétiens ayant combattu dans la Résistance créent aussi leur propre parti : le MRP (le Mouvement Républicain Populaire).
Les Français aspirent à un renouveau politique : ils veulent reconstruire la vie politique sur de nouvelles bases. Le 21 octobre 1945, Français et Françaises (qui viennent d’obtenir le droit de vote en 1944 : DOC 1 p.268) sont appelés à élire leurs députés. Une question leur est posé par la même occasion, leur demandant s’ils désirent que l’Assemblée qu’ils vont élire soit une assemblée constituante, c'est-à-dire qu'elle rédige une nouvelle constitution. 96 % des Français répondent oui.

La nouvelle assemblée ainsi élue est dominée par les trois principaux partis de l’époque : SFIO, PCF et MRP. Mais De Gaulle est en désaccord avec elle (De Gaulle veut que la nouvelle Constitution mette en place un pouvoir exécutif fort, alors que l’assemblée souhaite une pouvoir législatif fort)..
Suite à ce désaccord, De Gaulle démissionne le 20/01/1946 et fait en juin un discours à Bayeux qui restera célèbre (DOC 6 p.269) dans lequel il expose sa conception de la République : un régime politique où le président a plus de pouvoirs que les députés.

B) LE NOUVEAU RÉGIME : LA CONSTITUTION DE 1946

En octobre 1946, la nouvelle constitution est adoptée par référendum (DOC 4 p.268). Elle est assez proche de celle de la IIIe République. C’est un régime de type parlementaire.
La supériorité de l’Assemblée Nationale (le législatif) est y affirmée, malgré le Conseil de la République : elle contrôle l’exécutif, investit le Président du Conseil et peut même renverser le gouvernement (Voir l'organigramme DOC 5 p.269).
Les premières élections à l’Assemblée Nationale confirment la puissance de la SFIO, du PCF et du MRP qui composent la majorité.
En 1947, le SFIO Vincent Auriol est élu président du Conseil par les deux Assemblées. Il compose un gouvernement formé par les trois grands partis de la Résistance (SFIO, PCF et MRP). C’est pourquoi on donne à cette période le nom de TRIPARTISME.

C) LA IVe RÉPUBLIQUE MENACÉE

Le tripartisme ne dure pourtant pas (DOC 2 p.270).
Le PCF reste un moment au gouvernement. Malgré cela, il soutient les mouvements de grève qui éclatent alors dans le pays (DOC 1 p.270). Lorsque la Guerre Froide éclate, les Communistes trop liés à l’URSS sont exclus du gouvernement par le président du Conseil Ramadier (mai 1947). Le PCF entre alors dans l’opposition et entretient une violente agitation sociale dans le pays.
Les ministres SFIO et MRP essaient alors de gouverner ensembles. Mais, non seulement ils se heurtent à une opposition à gauche (le PCF), mais aussi à une opposition de droite.
Cette opposition de droite est celle d’un tout nouveau parti, que le Général De Gaulle vient de créer : le RPF (le Rassemblement du Peuple Français)

II) LES FRAGILITÉS DE LA IVe RÉPUBLIQUE

A) LES DIFFICULTÉS POLITIQUES

La coalition gouvernementale (SFIO, Radicaux et MRP) prise entre ces deux oppositions prend le nom de "TROISIÈME FORCE". Elle semble unie, mais, en fait, elle se divise dès qu’il s’agit de prendre des décisions importantes.
Au moment de voter le budget, la SFIO se montre hostile à toute augmentation des crédits militaires et veulent étendre le rôle de l’État dans l’économie. Le MRP est d’avis contraire.
Alors que le MRP veut voter une aide aux écoles privées, les députés SFIO sont de farouches défenseurs de l’école laïque…
Et les sujets de discorde ne manquent pas : la nouvelle loi électorale, les problèmes coloniaux, l’inflation, l’attitude à adopter face au réarmement de l’Allemagne dans le cadre de la CED (Communauté Européenne de Défense : DOC 3, une affiche contre la CED)…
Chaque fois que ces questions sont abordées à l’Assemblée Nationale, les députés de la majorité se séparent : la SFIO vote avec le PCF et le MRP avec le RPF ! Autant dire que l’on ne sait plus où est la majorité ! Fréquemment, l’opposition devient majoritaire et le gouvernement du moment est renversé… Résultat = 23 ministères différents en 12 ans. L’opinion publique française se lasse de cette instabilité qui paralyse l’action des gouvernements.

B) LES DIFFICULTÉS COLONIALES

La France connaît de graves problèmes avec certaines de ses colonies.
- Le conflit en Indochine (DOCS 5 et 6 p.270 + voir le COURS SUR LA DECOLONISATION) s’enlise depuis près de 8 ans (début en 1946). En 1954, les troupes françaises sont écrasées par les Viêt-minh (combattants nationalistes vietnamiens) dans la cuvette de Diên Biên Phu. Le Président du Conseil d’alors, Pierre Mendès-France, décide de mettre fin au conflit. En juillet 1954, les accords de Genève sont signés.
En Afrique du Nord, Pierre Mendès-France désamorce la tension qui règne alors en Tunisie en lui promettant l’autonomie. Mais, ce n’est pas de Tunisie que les problèmes vont venir, c’est son voisin algérien qui déclenche les hostilités.
Le 1er novembre 1954, le Front de Libération Nationale (FLN) déçu par l’échec des réformes en faveur des Algériens déclenche une insurrection armée et réclame l’indépendance (Voir le COURS SUR LA DECOLONISATION). A ces troubles en Algérie, le gouvernement français répond avec la plus extrême fermeté affirmant que "l’Algérie c’est la France". Le gouvernement français refuse d’envisager l’indépendance parce que de nombreux Français (les Pieds Noirs) vivent en Algérie. Dans tous les partis politiques (sauf au PCF), les partisans de l’Algérie française sont majoritaires.
Le socialiste Guy Mollet (qui remplace Mendès-France en 1956) se rend à Alger où il déclare "l’affirmation inébranlable de la volonté française de présence en Algérie". Mais, l’indépendance de la Tunisie vient d’être reconnue et on parle de celle du Maroc. Les Français d’Algérie n’ont pas confiance en Mollet et le reçoivent avec… des jets de tomates !

C) LA FIN DE LA IVe RÉPUBLIQUE

Lorsque le gouvernement Mendès-France est renversé en 1955, de nouvelles élections sont organisées. Elles aboutissent à la formation d’un gouvernement de centre-gauche, le FRONT RÉPUBLICAIN dirigé par le SFIO, G. Mollet.

Ce dernier mène une politique active dans le domaine colonial : indépendance de la Tunisie, du Maroc, loi de Gaston Deferre préparant l’émancipation de l’Afrique Noire.
Mais, les problèmes en Algérie sont loin d’être réglés et ce conflit algérien va être un des éléments qui vont conduire à la chute de la IVe République.
Sous la pression des Français d’Algérie (c'est-à-dire des colons d'origine française qui vivent en Algérie, appelés "Pieds-noirs", qui possèdent les meilleures terres agricoles et occupent toutes les fonctions de l'administration), le gouvernement mène une guerre à outrance contre le FLN. Les résultats de cette politique ne tardent pas à se faire connaître : l’opinion publique française est divisée, cette guerre est un gouffre financier pour la France et le prestige international de la France est en chute libre…
Le 13 mai 1958, alors qu’un nouveau gouvernement réputé favorable à des négociations avec le FLN est instauré, les Français d’Alger déclenchent une émeute, appuyée par l’armée. Les émeutiers s’emparent de l’immeuble du gouvernement général à Alger. Le Général Salan, militaire en poste à Alger crie "Vive De Gaulle". Celui-ci, de sa retraite à Colombey-les-deux-Églises, se déclare "prêt à assumer les pouvoirs de la République", ce qui revient à dire qu’il considère que le gouvernement ne gouverne plus rien et que lui seul peut remettre de l'ordre dans tout cela…
Le gouvernement est effectivement impuissant face à la crise algérienne, les députés sont complètement débordés, un coup d’État militaire, voire une guerre civile menacent. Dans la panique générale, De Gaulle apparaît comme le seul capable de rétablir l’ordre.
Le 1er juin 1958 : De Gaulle est appelé à devenir le Président du Conseil.
Le 9 juin, les députés l’autorisent à changer la Constitution. Il reçoit les pleins pouvoirs pour préparer la nouvelle Constitution de la France.

III) LES RÉALISATIONS DE LA IVe RÉPUBLIQUE : UN BILAN QUI N'EST PAS AUSSI MAUVAIS QUE L'ON POURRAIT LE CROIRE…

A) DES BASES ÉCONOMIQUES NOUVELLES

A la Libération, c’est le chaos en matière d’économie : toutes les productions ont chuté, les transports sont complètement désorganisés, la pénurie sévit (on manque de tout) et l’inflation est galopante La IVe République doit relever un double défi : redresser l’économie en la modernisant.
L’État décide de prendre en main l’économie. Il fixe le prix de certains produits. Il entreprend aussi de nationaliser les entreprises les plus importantes :
- l’énergie (nationalisation mines de charbon, compagnies du gaz et de l’électricité)
- les transports (nationalisation de Renault et d’Air France)
- des banques et des compagnies d’assurances
Ces entreprises appartiennent dorénavant à l’État qui les gère dans l’intérêt collectif. Le secteur public va aussi réaliser de grands travaux d’équipement du pays (reconstruction des voies ferrées, construction de grands barrages…).
L’économie est planifiée. Jean Monnet met en place le premier plan en 1947 : priorité à la modernisation de l’industrie de base, de l’agriculture et des transports
Des efforts énormes sont faits pour augmenter la production d’énergie qui fait un bond (notamment grâce aux barrages hydroélectriques).
Toutes ces mesures économiques se font avec l’aide du Plan Marshall, qui permet de financer la reconstruction de la France.

B) LE REDRESSEMENT DE LA FRANCE

DOC 4 p.270

C’est une des réussites de la IVe République.
En 1950, les productions retrouvent leur niveau d’avant la Grande Dépression (la crise de 1929 qui avait touché si durement la France en 1931). La croissance se poursuit ensuite et la France entre dans une ère de prospérité.
La production industrielle est multipliée par deux entre 1948 et 1958. Certaines branches connaissent un développement très rapide : chimie, aéronautique, automobile (la 4 CV. en 1947, la 2 CV. en 1949), l’électroménager…
Mais, la croissance n’est pas homogène : la modernisation de l’agriculture est lente, certains secteurs sont à la traîne (comme le textile ou le bâtiment).

La société française se transforme : reprise de la natalité (augmentation et rajeunissement de la population : c'est le baby-boom), croissance urbaine alimentée par l’exode rural, progrès sociaux (Sécurité sociale en 1945, SMIG – salaire minimum garanti, ce qui veut dire qu'il y a un salaire/heure en dessous duquel les patrons ne peuvent pas aller- en 1950, 3ème semaine de congés payés), augmentation du niveau de vie… On entre dans une période de prospérité économique qui va durer jusque vers 1975 et que l'on appelle "Les Trente Glorieuses" (DOSSIER p.266-267)

C) L’OUVERTURE SUR L’EUROPE

C’est sous la IVe République que la France s’ouvre à l’Europe. La France est membre de l’OECE (fondée en 1948) qui répartit l’aide du Plan Marshall.
Voir les PAGES 178-179 + le COURS DE GEOGRAPHIE SUR LA PUISSANCE ECONOMIQUE DE L'UE qui reprendra les étapes de la construction européenne.
En 1950, R. Schuman (MRP) et Jean Monnet proposent de mettre en commun la production et la vente de la houille et des produits sidérurgiques. C’est ainsi que naît en 1951 la CECA. En 1957, la France signe le Traité de Rome, acte de naissance de la Communauté Économique Européenne.


SUJET DE TYPE BREVET SUR LA IVe REPUBLIQUE


LA FRANCE DEPUIS 1945
Seconde partie : LA FRANCE DE LA Ve REPUBLIQUE

I) LA RÉPUBLIQUE GAULLIENNE

SUJET DE TYPE BREVET SUR "LES ANNEES DE GAULLE"

A) LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE

Le 1er juin 1958 : De Gaulle devient président du Conseil. Il va pouvoir réaliser son projet qui a échoué en 1946 : donner à la France "les institutions qu’il lui faut". Le 9 juin, ayant obtenu les pleins pouvoirs, il est chargé de rédiger une nouvelle Constitution.
Cette nouvelle Constitution diffère de celle de la IVe République sur plusieurs points importants :
- Le Premier Ministre est nommé par le président de la République. Ce dernier doit tenir compte des orientations du Parlement, mais il reste maître de son choix.
- En cas de désaccord entre le président et l’Assemblée Nationale, l’Assemblée peut voter une motion de censure. Mais le président peut dissoudre l’Assemblée et organiser de nouvelles élections (ce qui donne aux électeurs le droit de trancher en cas de litige).
- Le président peut faire appel au peuple par référendum.

LES INSTITUTIONS DE LA Ve SERONT VUES PLUS EN DETAIL EN EDUCATION CIVIQUE

Le 28/09/1958, cette Constitution est ratifiée par le peuple (par référendum) avec 80 % de oui, bien que beaucoup d'hommes politiques de la IVe République s'y opposent (DOCS 1, 2 et 3 p.274).
Le 21/12/1958 : De Gaulle est élu premier président de la Ve République.
La vie politique est stable puisque le Parlement est à majorité gaulliste.
De plus, De Gaulle bénéficie du soutien de l’opinion publique. Il l’entretient par de nombreux voyages en province, à la rencontre des Français, par de nombreux discours et conférences à la radio et à la télé (ORTF : DOC 6 p.275) et par de fréquents référendums.

Cette Constitution connaît une importante modification en 1962 : le chef de l’État est désormais élu au suffrage universel direct (modification acceptée par référendum : DOC 4 p.274).

B) LA FIN DE LA DÉCOLONISATION

De Gaulle doit maintenant résoudre le problème algérien qui a contribué à le ramener au pouvoir.
VOIR AUSSI LE COURS SUR LA DECOLONISATION ET LE DOSSIER p.272-273 + DOC 2 p.276
Alors qu’il n’est encore que Président du Conseil de la IVe République, il se rend à Alger le 4 juin 1958. Là, devant des milliers de Français d’Algérie, il prononce un discours du balcon du Gouvernement Général (5 juin). La première phrase de son discours : "Je vous ai compris" est follement acclamée (les Français d'Algérie y comprennent que de Gaulle a entendu leur volonté de voir l'Algérie rester française). Il affirme aussi qu’il ne connaît en Algérie qu’une seule catégorie de citoyens : des Français à part entière. Il y parle aussi d’égalité et de fraternité entre Français et Musulmans. Il s’exprime donc en faveur d’une Algérie française.
Mais l’égalité qu’il évoque a des adversaires dans les deux camps : les Français d’Algérie qui souhaitent conserver leur prééminence et les nationalistes algériens (le FLN) qui refusent la "paix des braves" que leur propose De Gaulle.
Pendant 4 ans, la guerre fait rage avec son cortège de massacres, d’attentats et de torture.
Peu à peu, De Gaulle comprend que l’Algérie ne peut pas rester française. En 1959, il affirme le droit des Algériens à l’autodétermination.
La réaction ne se fait pas attendre. Les Français d’Algérie se sentent trahis et commencent à s’agiter. Des barricades s’élèvent à Alger en janvier 1960. En avril 1961, quatre généraux français (Salan, Challe, Zeller et Jouhaud) tentent un coup d’État, qui échoue.
La même année, naît l’OAS (Organisation Armée Secrète) qui lutte pour l’Algérie française, en multipliant les attentats en Algérie et en France. Leur principal but = abattre De Gaulle, qui devient la victime de nombreux attentats, dont le plus célèbre est celui du Petit-Clamart.
En France une bonne partie de l’opinion publique est contre la guerre. Le PCF appelle à une manifestation contre l’OAS, à Paris, le 8/02/1962. La police charge et 8 personnes meurent près de la station de métro Charonne.
Le gouvernement décide de négocier avec le FLN. Le 18 mars 1962, les deux parties signent les accords d’Évian qui accorde l’indépendance de l’Algérie (effective le 1er juillet).
1 million de Pieds-Noirs quittent alors l’Algérie, laissant derrière eux tout ce qu’ils possèdent. Les Algériens favorables à la France (les Harkis) partent aussi, mais tous ne peuvent pas quitter le pays : ils seront massacrés.

La décolonisation de l’Afrique Noire se fait de manière moins sanglante et moins douloureuse.
En 1958 : les colonies d’Afrique noire choisissent l’autonomie dans le cadre d’une communauté franco-africaine.
En 1960 : l’indépendance leur est accordée tout en gardant des liens de coopérations avec la France.

C) LE RANG DE LA FRANCE DANS LE MONDE

De Gaulle veut rendre à la France son rang de grande puissance indépendante.

En 1960, il dote la France de la force de frappe nucléaire : l’arme atomique étant une arme de dissuasion efficace.

Il mène une politique étrangère active :
- En Europe * il œuvre pour un rapprochement franco-allemand
* il refuse l’entrée de la GB dans la CEE, la jugeant trop liée aux États-Unis dont il conteste la domination.
- Dans le monde : * il conteste la division du monde en 2 blocs qui s’affrontent.
* il conteste la domination américaine en Occident (DOC 3 p.276). En 1966, c’est la rupture avec le "grand-frère américain" : il retire les forces françaises de l’OTAN et à Phnom Penh (Cambodge), il critique ouvertement la guerre que mènent les États-Unis au Viêt-nam.
* Il améliore les relations avec les pays communistes : il se rapproche de l’URSS et la France est le premier pays occidental à reconnaître la Chine Populaire de Mao Zedong (1964).
* il met en place des liens de coopération avec les pays du Tiers-Monde (DOC 1 p.276)
* il fait de nombreux voyages à l’étranger : Mexique, Dakar, Varsovie, Québec ("Vive le Québec libre", ce qui provoque l'irritation du gouvernement canadien qui ne souhaite pas du tout que la province du Québec devienne indépendante)…

De Gaulle souhaite utiliser la prospérité économique pour favoriser l’indépendance économique de la France (DOC 6 p.277 + 4 p.276). Il poursuit la modernisation de l’éco commencée par la IVe République.
Mise en place de grands projets pour développer la technologie française : 1ères centrales nucléaires, 1ers autoroutes, grands complexes portuaires, avion supersonique Concorde, paquebot France, télévision couleur SECAM…

Le niveau de vie des Français augmente. Mais des inégalités persistent. Certes le SMIG augmente, mais le niveau de vie des ouvriers stagne et celui des paysans s’effondre. Le gouvernement met en place des prestations sociales pour redistribuer les ressources. Mais l’écart entre riches et pauvres ne diminue pas, alors que les dépenses assurées par la collectivité ne cessent d’augmenter.

D) DE GAULLE CONTESTÉ

DOSSIER p.278-279

La politique gaullienne ne fait pas l’unanimité. Aux présidentielles de 1965, De Gaulle est réélu, mais seulement au 2nd tour avec 55 % des voix face au candidat de gauche. La gauche est dans l’opposition, critiquant la « monarchie républicaine » qui réduit le pouvoir du parlement.

Mais le pouvoir est surtout ébranlé par la crise de 1968. Elle commence à Paris par une agitation étudiante réprimée par la police. Cette agitation gagne ensuite le monde ouvrier. La France est paralysée par les grèves. La Gauche demande le départ de De Gaulle, tandis qu’un million de gaullistes descendent dans le rue pour manifester leur soutien au Général.
Le 30 mai, De Gaulle dissout l’Assemblée Nationale. Par peur du désordre, le vote gaulliste l’emporte lors des élections de juin. De Gaulle semble triompher. Mais il est considérablement affaibli par ce printemps 68.

Triomphe de courte durée : lors du référendum sur la régionalisation en 1969, le non l’emporte à 53 %. Désavoué, De Gaulle démissionne le 28 avril 1969.

II) LA DROITE AU POUVOIR APRÈS DE GAULLE

A) LA PRÉSIDENCE DE POMPIDOU (1969-1974)

Ancien ministre de De Gaulle, il est élu président en juin 1969. Il maintient les grandes orientations de la politique gaullienne. Mais il se montre plus européen que De Gaulle en acceptant l’entrée de la GB dans la CEE (1973). Son gouvernement tente de répondre à certaines revendications de mai 68 avec le projet « Nouvelle société ».

L’opposition de gauche s’organise. En 1971, au congrès d’Épinay, F. Mitterrand devient le chef du nouveau Parti Socialiste. En 1972, les partis de gauche (PS, PCF et MRG) signent un programme commun de gouvernement en vue des législatives de 1973. Mais celles-ci sont remportées par la majorité présidentielle (gaullistes + centristes).

Pompidou meurt de maladie le 2 avril 1974, alors que les 1ers effets de la crise économique mondiale (1er choc pétrolier) se font sentir.

B) LA PRÉSIDENCE DE GISCARD D’ESTAING (1974-1981)

Ancien ministre des Finances de De Gaulle et de Pompidou, il est élu en mai 1974, en battant le candidat de gauche, F. Mitterrand.

Des réformes libéralisent la société française :
- Majorité abaissée de 21 à 18 ans (seule modification de la Constitution)
- Législation en faveur de l’avortement (Ministre Santé = Simone Veil)
- Divorce pouvant être obtenu par consentement mutuel
- Paiement mensuel des salariés (au lieu du paiement à la semaine ou à la journée)
- Organisation de la formation continue des salariés

La construction européenne se poursuit : La France favorise l’entrée du Danemark et de l’Irlande dans la CEE. Giscard d’Estaing fait adopter le suffrage universel pour l’élection des députés de l’Assemblée européenne.

Mais la crise éco fait des ravages. Ni le gouvernement du premier ministre Chirac (1974-1976), ni celui du suivant, R. Barre (1976-1981), ne parviennent à enrayer le chômage (1,5 million de chômeurs en 1979) et l’inflation. Le mécontentement de l’opinion publique s’accroît, encore aggravé par la politique d’austérité de Barre (augmentation de impôts, diminution des dépenses publiques et tentative d’empêcher l’augmentation des salaires). Les conflits sociaux se multiplient.

L’opposition de gauche est servie par les difficultés éco et les divisions de la droite. Soutenue par le mécontentement social, elle arrive au pouvoir comme en 36, grâce à l’union du PS et du PCF.

III) LES ANNÉES D'ALTERNANCE

DOC 1 p.284

A) LE PARTI SOCIALISTE AU POUVOIR EN 1981

DOSSIER p.290-291

10 mai 1981, F. Mitterrand est élu au 2nd tour des présidentielles face à V. Giscard d’Estaing. Il dissout l’Assemblée Nationale. Aux élections de juin, la gauche obtient la majorité absolue des sièges de l’hémicycle. Pour la 1ère fois depuis 1958, la gauche est au pouvoir, c’est l’alternance.
Pour son gouvernement, le Premier Ministre Pierre Mauroy fait appel au PCF (n’a pas participé à un gouvernement depuis 1947).

Commence alors un vaste programme de réformes :
- politique de nationalisations
- Pour relancer l’économie et combattre le chômage, le gouvernement décide de développer la consommation : augmentation du SMIC, des allocations familiales, passage des congés payés à 5 semaines, limitation de la semaine de travail à 39 heures pour inciter les patrons à embaucher, retraite à 60 ans pour permettre l’embauche des jeunes…
Mais les résultats sont très décevants : déficit commercial et budgétaire, inflation, effondrement du franc, progression du chômage.

1982 : changement de politique. La priorité devient alors la lutte contre l’inflation. C’est le tournant de la rigueur avec la mise en place d’une politique d’austérité. Salaires et prix sont bloqués, les impôts augmentent… Tout cela mécontente l’opinion : les grèves se multiplient dans les usines, les paysans manifestent contre la PAC… P. Mauroy est remplacé en 1984 par L. Fabius. Le nouveau gouvernement ne comporte plus de communistes, qui sont opposés à la politique de rigueur.

B) LA COHABITATION

La gauche perd les législatives de 1986 : l’UDF et le RPR obtiennent la majorité absolue. L’extrême-droite entre à l’Assemblée. Pour la première fois, un président de la Ve République ne dispose pas d’une majorité en accord avec lui.
Mitterrand nomme donc le RPR J. Chirac au poste de Premier Ministre (DOC 2 p.284). C’est la première des cohabitations. Cela n’empêche pas les institutions de fonctionner correctement : la Constitution n’est pas remise en cause. Dans une cohabitation, le président s’occupe de la politique étrangère et de la Défense nationale, alors que la premier ministre décide de l’essentiel de la politique intérieure.
En matière de politique extérieure, le président et son premier ministre ne connaissent pas de divergences profondes. En ce qui concerne la politique intérieure, J. Chirac prend des mesures éco ouvertement libérales : privatisation d’entreprises nationalisées, liberté des prix…

C) LE SECOND SEPTENNAT (1988-1995)

La cohabitation est favorable à F. Mitterrand : il est réélu aux présidentielles de 1988, face à J. Chirac. Il nomme M. Rocard premier ministre. Ayant dissous l’Assemblée, de nouvelles élections ont lieu en juin. Mais si la droite perd la majorité, elle ne la donne pas pour autant aux socialistes.
Les gouvernements de gauche se succèdent : M. Rocard (1988-1991), E. Cresson (1ère femme premier ministre 1991-1992), puis P. Bérégovoy (1992-1993) et poursuivent la politique de rigueur, tout en préparant la France à entrer dans le marché unique européen (1993).
Une nouvelle cohabitation voit le jour en 1993 : la droite étant majoritaire, F. Mitterrand nomme le RPR E. Balladur premier ministre.

D) LE RETOUR DE LA DROITE AU POUVOIR

Aux présidentielles de 1995, J. Chirac l’emporte face au socialiste L. Jospin (Mitterrand ne peut se représenter, il est très malade). Son premier ministre est alors A. Juppé. Mais lorsqu’il dissout l’Assemblée nationale en 1997, les élections législatives sont remportées par la gauche et L. Jospin devient premier ministre. C’est une nouvelle cohabitation.
Durant ce mandat, le septennat devient un quinquennat : les Présidents de la République gouverneront désormais 5 ans au lieu de 7.

La droite française est profondément divisée. Et les partis de gauche ne sont pas en reste… Scandales politico-financiers éclaboussent hommes politiques de gauche comme de droite. Et dans les querelles qui les opposent les uns aux autres (droite contre gauche, mais aussi droite contre droite), l’extrême-droite de J.-M. Le Pen (Front National) tente de jouer le rôle d’arbitre. Avec 15 % de l’électorat, le Front National (FN) jouit d’une réelle audience. Pas mal pour un parti antidémocratique, antiparlementarisme et antisémite (DOC 4 p.284)… Aux présidentielles de 2002, le leader du FN, Jean-Marie Le Pen, arrive même au second tour des élections présidentielles, éliminant le candidat de gauche : du jamais vu dans l'histoire de la Ve République. Du coup, les Français réagissent et vont massivement voter (contrairement au 1er tour), élisant pour un second mandat, Jacques Chirac.
En 2007, c'est encore un homme de droite qui devient Président de la République : Nicolas Sarkozy.


CONCLUSION :

En dépit des tensions, des crises, des problèmes, la Ve République a démontré que ses institutions étaient assez souples pour résister, y compris aux cohabitations (chose que De Gaulle n'avait jamais envisagé comme possible). Certains hommes politiques (de gauche, mais aussi du centre avec le Modem) proposent une réforme constitutionnelle qui nous ferait passer de la Ve à la VIe République. Mais, cela ne semble pas encore à l'ordre du jour…

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