samedi 15 mai 2010

Cours "La France depuis 1945"

LA FRANCE DEPUIS 1945
Première partie : LA FRANCE DE LA IVe REPUBLIQUE


TRAVAIL SUR LA FRISE CHRONOLOGIQUE ET LES REGIMES POLITIQUES DEPUIS 1945.

Rappel : la IIIe République est morte lorsque Pétain s’est autoproclamé chef de l’État français le 10 juillet 1940. A la libération, le régime de Vichy s’effondre.

I) LES DÉBUTS DE LA IVe RÉPUBLIQUE

A) LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE DE GAULLE

A la Libération, la France est dévastée et désorganisée. De retour à Paris, le 25/08/1944, De Gaulle préside le nouveau Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF), composé de ministres issus de tous les différents groupes de résistants. Effectuant de nombreux voyages sur tout le territoire français, De Gaulle réussit à rétablir partout l’autorité de l’État (c’est ainsi qu’il met fin aux mouvements spontanés d’épuration en faisant passer les anciens collaborateurs devant des tribunaux d’État).

Les libertés de réunion et d’opinion étant rétablie (ainsi que la liberté de presse), les partis politiques d’avant-guerre renaissent : SFIO et PCF. Les chrétiens ayant combattu dans la Résistance créent aussi leur propre parti : le MRP (le Mouvement Républicain Populaire).
Les Français aspirent à un renouveau politique : ils veulent reconstruire la vie politique sur de nouvelles bases. Le 21 octobre 1945, Français et Françaises (qui viennent d’obtenir le droit de vote en 1944 : DOC 1 p.268) sont appelés à élire leurs députés. Une question leur est posé par la même occasion, leur demandant s’ils désirent que l’Assemblée qu’ils vont élire soit une assemblée constituante, c'est-à-dire qu'elle rédige une nouvelle constitution. 96 % des Français répondent oui.

La nouvelle assemblée ainsi élue est dominée par les trois principaux partis de l’époque : SFIO, PCF et MRP. Mais De Gaulle est en désaccord avec elle (De Gaulle veut que la nouvelle Constitution mette en place un pouvoir exécutif fort, alors que l’assemblée souhaite une pouvoir législatif fort)..
Suite à ce désaccord, De Gaulle démissionne le 20/01/1946 et fait en juin un discours à Bayeux qui restera célèbre (DOC 6 p.269) dans lequel il expose sa conception de la République : un régime politique où le président a plus de pouvoirs que les députés.

B) LE NOUVEAU RÉGIME : LA CONSTITUTION DE 1946

En octobre 1946, la nouvelle constitution est adoptée par référendum (DOC 4 p.268). Elle est assez proche de celle de la IIIe République. C’est un régime de type parlementaire.
La supériorité de l’Assemblée Nationale (le législatif) est y affirmée, malgré le Conseil de la République : elle contrôle l’exécutif, investit le Président du Conseil et peut même renverser le gouvernement (Voir l'organigramme DOC 5 p.269).
Les premières élections à l’Assemblée Nationale confirment la puissance de la SFIO, du PCF et du MRP qui composent la majorité.
En 1947, le SFIO Vincent Auriol est élu président du Conseil par les deux Assemblées. Il compose un gouvernement formé par les trois grands partis de la Résistance (SFIO, PCF et MRP). C’est pourquoi on donne à cette période le nom de TRIPARTISME.

C) LA IVe RÉPUBLIQUE MENACÉE

Le tripartisme ne dure pourtant pas (DOC 2 p.270).
Le PCF reste un moment au gouvernement. Malgré cela, il soutient les mouvements de grève qui éclatent alors dans le pays (DOC 1 p.270). Lorsque la Guerre Froide éclate, les Communistes trop liés à l’URSS sont exclus du gouvernement par le président du Conseil Ramadier (mai 1947). Le PCF entre alors dans l’opposition et entretient une violente agitation sociale dans le pays.
Les ministres SFIO et MRP essaient alors de gouverner ensembles. Mais, non seulement ils se heurtent à une opposition à gauche (le PCF), mais aussi à une opposition de droite.
Cette opposition de droite est celle d’un tout nouveau parti, que le Général De Gaulle vient de créer : le RPF (le Rassemblement du Peuple Français)

II) LES FRAGILITÉS DE LA IVe RÉPUBLIQUE

A) LES DIFFICULTÉS POLITIQUES

La coalition gouvernementale (SFIO, Radicaux et MRP) prise entre ces deux oppositions prend le nom de "TROISIÈME FORCE". Elle semble unie, mais, en fait, elle se divise dès qu’il s’agit de prendre des décisions importantes.
Au moment de voter le budget, la SFIO se montre hostile à toute augmentation des crédits militaires et veulent étendre le rôle de l’État dans l’économie. Le MRP est d’avis contraire.
Alors que le MRP veut voter une aide aux écoles privées, les députés SFIO sont de farouches défenseurs de l’école laïque…
Et les sujets de discorde ne manquent pas : la nouvelle loi électorale, les problèmes coloniaux, l’inflation, l’attitude à adopter face au réarmement de l’Allemagne dans le cadre de la CED (Communauté Européenne de Défense : DOC 3, une affiche contre la CED)…
Chaque fois que ces questions sont abordées à l’Assemblée Nationale, les députés de la majorité se séparent : la SFIO vote avec le PCF et le MRP avec le RPF ! Autant dire que l’on ne sait plus où est la majorité ! Fréquemment, l’opposition devient majoritaire et le gouvernement du moment est renversé… Résultat = 23 ministères différents en 12 ans. L’opinion publique française se lasse de cette instabilité qui paralyse l’action des gouvernements.

B) LES DIFFICULTÉS COLONIALES

La France connaît de graves problèmes avec certaines de ses colonies.
- Le conflit en Indochine (DOCS 5 et 6 p.270 + voir le COURS SUR LA DECOLONISATION) s’enlise depuis près de 8 ans (début en 1946). En 1954, les troupes françaises sont écrasées par les Viêt-minh (combattants nationalistes vietnamiens) dans la cuvette de Diên Biên Phu. Le Président du Conseil d’alors, Pierre Mendès-France, décide de mettre fin au conflit. En juillet 1954, les accords de Genève sont signés.
En Afrique du Nord, Pierre Mendès-France désamorce la tension qui règne alors en Tunisie en lui promettant l’autonomie. Mais, ce n’est pas de Tunisie que les problèmes vont venir, c’est son voisin algérien qui déclenche les hostilités.
Le 1er novembre 1954, le Front de Libération Nationale (FLN) déçu par l’échec des réformes en faveur des Algériens déclenche une insurrection armée et réclame l’indépendance (Voir le COURS SUR LA DECOLONISATION). A ces troubles en Algérie, le gouvernement français répond avec la plus extrême fermeté affirmant que "l’Algérie c’est la France". Le gouvernement français refuse d’envisager l’indépendance parce que de nombreux Français (les Pieds Noirs) vivent en Algérie. Dans tous les partis politiques (sauf au PCF), les partisans de l’Algérie française sont majoritaires.
Le socialiste Guy Mollet (qui remplace Mendès-France en 1956) se rend à Alger où il déclare "l’affirmation inébranlable de la volonté française de présence en Algérie". Mais, l’indépendance de la Tunisie vient d’être reconnue et on parle de celle du Maroc. Les Français d’Algérie n’ont pas confiance en Mollet et le reçoivent avec… des jets de tomates !

C) LA FIN DE LA IVe RÉPUBLIQUE

Lorsque le gouvernement Mendès-France est renversé en 1955, de nouvelles élections sont organisées. Elles aboutissent à la formation d’un gouvernement de centre-gauche, le FRONT RÉPUBLICAIN dirigé par le SFIO, G. Mollet.

Ce dernier mène une politique active dans le domaine colonial : indépendance de la Tunisie, du Maroc, loi de Gaston Deferre préparant l’émancipation de l’Afrique Noire.
Mais, les problèmes en Algérie sont loin d’être réglés et ce conflit algérien va être un des éléments qui vont conduire à la chute de la IVe République.
Sous la pression des Français d’Algérie (c'est-à-dire des colons d'origine française qui vivent en Algérie, appelés "Pieds-noirs", qui possèdent les meilleures terres agricoles et occupent toutes les fonctions de l'administration), le gouvernement mène une guerre à outrance contre le FLN. Les résultats de cette politique ne tardent pas à se faire connaître : l’opinion publique française est divisée, cette guerre est un gouffre financier pour la France et le prestige international de la France est en chute libre…
Le 13 mai 1958, alors qu’un nouveau gouvernement réputé favorable à des négociations avec le FLN est instauré, les Français d’Alger déclenchent une émeute, appuyée par l’armée. Les émeutiers s’emparent de l’immeuble du gouvernement général à Alger. Le Général Salan, militaire en poste à Alger crie "Vive De Gaulle". Celui-ci, de sa retraite à Colombey-les-deux-Églises, se déclare "prêt à assumer les pouvoirs de la République", ce qui revient à dire qu’il considère que le gouvernement ne gouverne plus rien et que lui seul peut remettre de l'ordre dans tout cela…
Le gouvernement est effectivement impuissant face à la crise algérienne, les députés sont complètement débordés, un coup d’État militaire, voire une guerre civile menacent. Dans la panique générale, De Gaulle apparaît comme le seul capable de rétablir l’ordre.
Le 1er juin 1958 : De Gaulle est appelé à devenir le Président du Conseil.
Le 9 juin, les députés l’autorisent à changer la Constitution. Il reçoit les pleins pouvoirs pour préparer la nouvelle Constitution de la France.

III) LES RÉALISATIONS DE LA IVe RÉPUBLIQUE : UN BILAN QUI N'EST PAS AUSSI MAUVAIS QUE L'ON POURRAIT LE CROIRE…

A) DES BASES ÉCONOMIQUES NOUVELLES

A la Libération, c’est le chaos en matière d’économie : toutes les productions ont chuté, les transports sont complètement désorganisés, la pénurie sévit (on manque de tout) et l’inflation est galopante La IVe République doit relever un double défi : redresser l’économie en la modernisant.
L’État décide de prendre en main l’économie. Il fixe le prix de certains produits. Il entreprend aussi de nationaliser les entreprises les plus importantes :
- l’énergie (nationalisation mines de charbon, compagnies du gaz et de l’électricité)
- les transports (nationalisation de Renault et d’Air France)
- des banques et des compagnies d’assurances
Ces entreprises appartiennent dorénavant à l’État qui les gère dans l’intérêt collectif. Le secteur public va aussi réaliser de grands travaux d’équipement du pays (reconstruction des voies ferrées, construction de grands barrages…).
L’économie est planifiée. Jean Monnet met en place le premier plan en 1947 : priorité à la modernisation de l’industrie de base, de l’agriculture et des transports
Des efforts énormes sont faits pour augmenter la production d’énergie qui fait un bond (notamment grâce aux barrages hydroélectriques).
Toutes ces mesures économiques se font avec l’aide du Plan Marshall, qui permet de financer la reconstruction de la France.

B) LE REDRESSEMENT DE LA FRANCE

DOC 4 p.270

C’est une des réussites de la IVe République.
En 1950, les productions retrouvent leur niveau d’avant la Grande Dépression (la crise de 1929 qui avait touché si durement la France en 1931). La croissance se poursuit ensuite et la France entre dans une ère de prospérité.
La production industrielle est multipliée par deux entre 1948 et 1958. Certaines branches connaissent un développement très rapide : chimie, aéronautique, automobile (la 4 CV. en 1947, la 2 CV. en 1949), l’électroménager…
Mais, la croissance n’est pas homogène : la modernisation de l’agriculture est lente, certains secteurs sont à la traîne (comme le textile ou le bâtiment).

La société française se transforme : reprise de la natalité (augmentation et rajeunissement de la population : c'est le baby-boom), croissance urbaine alimentée par l’exode rural, progrès sociaux (Sécurité sociale en 1945, SMIG – salaire minimum garanti, ce qui veut dire qu'il y a un salaire/heure en dessous duquel les patrons ne peuvent pas aller- en 1950, 3ème semaine de congés payés), augmentation du niveau de vie… On entre dans une période de prospérité économique qui va durer jusque vers 1975 et que l'on appelle "Les Trente Glorieuses" (DOSSIER p.266-267)

C) L’OUVERTURE SUR L’EUROPE

C’est sous la IVe République que la France s’ouvre à l’Europe. La France est membre de l’OECE (fondée en 1948) qui répartit l’aide du Plan Marshall.
Voir les PAGES 178-179 + le COURS DE GEOGRAPHIE SUR LA PUISSANCE ECONOMIQUE DE L'UE qui reprendra les étapes de la construction européenne.
En 1950, R. Schuman (MRP) et Jean Monnet proposent de mettre en commun la production et la vente de la houille et des produits sidérurgiques. C’est ainsi que naît en 1951 la CECA. En 1957, la France signe le Traité de Rome, acte de naissance de la Communauté Économique Européenne.


SUJET DE TYPE BREVET SUR LA IVe REPUBLIQUE


LA FRANCE DEPUIS 1945
Seconde partie : LA FRANCE DE LA Ve REPUBLIQUE

I) LA RÉPUBLIQUE GAULLIENNE

SUJET DE TYPE BREVET SUR "LES ANNEES DE GAULLE"

A) LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE

Le 1er juin 1958 : De Gaulle devient président du Conseil. Il va pouvoir réaliser son projet qui a échoué en 1946 : donner à la France "les institutions qu’il lui faut". Le 9 juin, ayant obtenu les pleins pouvoirs, il est chargé de rédiger une nouvelle Constitution.
Cette nouvelle Constitution diffère de celle de la IVe République sur plusieurs points importants :
- Le Premier Ministre est nommé par le président de la République. Ce dernier doit tenir compte des orientations du Parlement, mais il reste maître de son choix.
- En cas de désaccord entre le président et l’Assemblée Nationale, l’Assemblée peut voter une motion de censure. Mais le président peut dissoudre l’Assemblée et organiser de nouvelles élections (ce qui donne aux électeurs le droit de trancher en cas de litige).
- Le président peut faire appel au peuple par référendum.

LES INSTITUTIONS DE LA Ve SERONT VUES PLUS EN DETAIL EN EDUCATION CIVIQUE

Le 28/09/1958, cette Constitution est ratifiée par le peuple (par référendum) avec 80 % de oui, bien que beaucoup d'hommes politiques de la IVe République s'y opposent (DOCS 1, 2 et 3 p.274).
Le 21/12/1958 : De Gaulle est élu premier président de la Ve République.
La vie politique est stable puisque le Parlement est à majorité gaulliste.
De plus, De Gaulle bénéficie du soutien de l’opinion publique. Il l’entretient par de nombreux voyages en province, à la rencontre des Français, par de nombreux discours et conférences à la radio et à la télé (ORTF : DOC 6 p.275) et par de fréquents référendums.

Cette Constitution connaît une importante modification en 1962 : le chef de l’État est désormais élu au suffrage universel direct (modification acceptée par référendum : DOC 4 p.274).

B) LA FIN DE LA DÉCOLONISATION

De Gaulle doit maintenant résoudre le problème algérien qui a contribué à le ramener au pouvoir.
VOIR AUSSI LE COURS SUR LA DECOLONISATION ET LE DOSSIER p.272-273 + DOC 2 p.276
Alors qu’il n’est encore que Président du Conseil de la IVe République, il se rend à Alger le 4 juin 1958. Là, devant des milliers de Français d’Algérie, il prononce un discours du balcon du Gouvernement Général (5 juin). La première phrase de son discours : "Je vous ai compris" est follement acclamée (les Français d'Algérie y comprennent que de Gaulle a entendu leur volonté de voir l'Algérie rester française). Il affirme aussi qu’il ne connaît en Algérie qu’une seule catégorie de citoyens : des Français à part entière. Il y parle aussi d’égalité et de fraternité entre Français et Musulmans. Il s’exprime donc en faveur d’une Algérie française.
Mais l’égalité qu’il évoque a des adversaires dans les deux camps : les Français d’Algérie qui souhaitent conserver leur prééminence et les nationalistes algériens (le FLN) qui refusent la "paix des braves" que leur propose De Gaulle.
Pendant 4 ans, la guerre fait rage avec son cortège de massacres, d’attentats et de torture.
Peu à peu, De Gaulle comprend que l’Algérie ne peut pas rester française. En 1959, il affirme le droit des Algériens à l’autodétermination.
La réaction ne se fait pas attendre. Les Français d’Algérie se sentent trahis et commencent à s’agiter. Des barricades s’élèvent à Alger en janvier 1960. En avril 1961, quatre généraux français (Salan, Challe, Zeller et Jouhaud) tentent un coup d’État, qui échoue.
La même année, naît l’OAS (Organisation Armée Secrète) qui lutte pour l’Algérie française, en multipliant les attentats en Algérie et en France. Leur principal but = abattre De Gaulle, qui devient la victime de nombreux attentats, dont le plus célèbre est celui du Petit-Clamart.
En France une bonne partie de l’opinion publique est contre la guerre. Le PCF appelle à une manifestation contre l’OAS, à Paris, le 8/02/1962. La police charge et 8 personnes meurent près de la station de métro Charonne.
Le gouvernement décide de négocier avec le FLN. Le 18 mars 1962, les deux parties signent les accords d’Évian qui accorde l’indépendance de l’Algérie (effective le 1er juillet).
1 million de Pieds-Noirs quittent alors l’Algérie, laissant derrière eux tout ce qu’ils possèdent. Les Algériens favorables à la France (les Harkis) partent aussi, mais tous ne peuvent pas quitter le pays : ils seront massacrés.

La décolonisation de l’Afrique Noire se fait de manière moins sanglante et moins douloureuse.
En 1958 : les colonies d’Afrique noire choisissent l’autonomie dans le cadre d’une communauté franco-africaine.
En 1960 : l’indépendance leur est accordée tout en gardant des liens de coopérations avec la France.

C) LE RANG DE LA FRANCE DANS LE MONDE

De Gaulle veut rendre à la France son rang de grande puissance indépendante.

En 1960, il dote la France de la force de frappe nucléaire : l’arme atomique étant une arme de dissuasion efficace.

Il mène une politique étrangère active :
- En Europe * il œuvre pour un rapprochement franco-allemand
* il refuse l’entrée de la GB dans la CEE, la jugeant trop liée aux États-Unis dont il conteste la domination.
- Dans le monde : * il conteste la division du monde en 2 blocs qui s’affrontent.
* il conteste la domination américaine en Occident (DOC 3 p.276). En 1966, c’est la rupture avec le "grand-frère américain" : il retire les forces françaises de l’OTAN et à Phnom Penh (Cambodge), il critique ouvertement la guerre que mènent les États-Unis au Viêt-nam.
* Il améliore les relations avec les pays communistes : il se rapproche de l’URSS et la France est le premier pays occidental à reconnaître la Chine Populaire de Mao Zedong (1964).
* il met en place des liens de coopération avec les pays du Tiers-Monde (DOC 1 p.276)
* il fait de nombreux voyages à l’étranger : Mexique, Dakar, Varsovie, Québec ("Vive le Québec libre", ce qui provoque l'irritation du gouvernement canadien qui ne souhaite pas du tout que la province du Québec devienne indépendante)…

De Gaulle souhaite utiliser la prospérité économique pour favoriser l’indépendance économique de la France (DOC 6 p.277 + 4 p.276). Il poursuit la modernisation de l’éco commencée par la IVe République.
Mise en place de grands projets pour développer la technologie française : 1ères centrales nucléaires, 1ers autoroutes, grands complexes portuaires, avion supersonique Concorde, paquebot France, télévision couleur SECAM…

Le niveau de vie des Français augmente. Mais des inégalités persistent. Certes le SMIG augmente, mais le niveau de vie des ouvriers stagne et celui des paysans s’effondre. Le gouvernement met en place des prestations sociales pour redistribuer les ressources. Mais l’écart entre riches et pauvres ne diminue pas, alors que les dépenses assurées par la collectivité ne cessent d’augmenter.

D) DE GAULLE CONTESTÉ

DOSSIER p.278-279

La politique gaullienne ne fait pas l’unanimité. Aux présidentielles de 1965, De Gaulle est réélu, mais seulement au 2nd tour avec 55 % des voix face au candidat de gauche. La gauche est dans l’opposition, critiquant la « monarchie républicaine » qui réduit le pouvoir du parlement.

Mais le pouvoir est surtout ébranlé par la crise de 1968. Elle commence à Paris par une agitation étudiante réprimée par la police. Cette agitation gagne ensuite le monde ouvrier. La France est paralysée par les grèves. La Gauche demande le départ de De Gaulle, tandis qu’un million de gaullistes descendent dans le rue pour manifester leur soutien au Général.
Le 30 mai, De Gaulle dissout l’Assemblée Nationale. Par peur du désordre, le vote gaulliste l’emporte lors des élections de juin. De Gaulle semble triompher. Mais il est considérablement affaibli par ce printemps 68.

Triomphe de courte durée : lors du référendum sur la régionalisation en 1969, le non l’emporte à 53 %. Désavoué, De Gaulle démissionne le 28 avril 1969.

II) LA DROITE AU POUVOIR APRÈS DE GAULLE

A) LA PRÉSIDENCE DE POMPIDOU (1969-1974)

Ancien ministre de De Gaulle, il est élu président en juin 1969. Il maintient les grandes orientations de la politique gaullienne. Mais il se montre plus européen que De Gaulle en acceptant l’entrée de la GB dans la CEE (1973). Son gouvernement tente de répondre à certaines revendications de mai 68 avec le projet « Nouvelle société ».

L’opposition de gauche s’organise. En 1971, au congrès d’Épinay, F. Mitterrand devient le chef du nouveau Parti Socialiste. En 1972, les partis de gauche (PS, PCF et MRG) signent un programme commun de gouvernement en vue des législatives de 1973. Mais celles-ci sont remportées par la majorité présidentielle (gaullistes + centristes).

Pompidou meurt de maladie le 2 avril 1974, alors que les 1ers effets de la crise économique mondiale (1er choc pétrolier) se font sentir.

B) LA PRÉSIDENCE DE GISCARD D’ESTAING (1974-1981)

Ancien ministre des Finances de De Gaulle et de Pompidou, il est élu en mai 1974, en battant le candidat de gauche, F. Mitterrand.

Des réformes libéralisent la société française :
- Majorité abaissée de 21 à 18 ans (seule modification de la Constitution)
- Législation en faveur de l’avortement (Ministre Santé = Simone Veil)
- Divorce pouvant être obtenu par consentement mutuel
- Paiement mensuel des salariés (au lieu du paiement à la semaine ou à la journée)
- Organisation de la formation continue des salariés

La construction européenne se poursuit : La France favorise l’entrée du Danemark et de l’Irlande dans la CEE. Giscard d’Estaing fait adopter le suffrage universel pour l’élection des députés de l’Assemblée européenne.

Mais la crise éco fait des ravages. Ni le gouvernement du premier ministre Chirac (1974-1976), ni celui du suivant, R. Barre (1976-1981), ne parviennent à enrayer le chômage (1,5 million de chômeurs en 1979) et l’inflation. Le mécontentement de l’opinion publique s’accroît, encore aggravé par la politique d’austérité de Barre (augmentation de impôts, diminution des dépenses publiques et tentative d’empêcher l’augmentation des salaires). Les conflits sociaux se multiplient.

L’opposition de gauche est servie par les difficultés éco et les divisions de la droite. Soutenue par le mécontentement social, elle arrive au pouvoir comme en 36, grâce à l’union du PS et du PCF.

III) LES ANNÉES D'ALTERNANCE

DOC 1 p.284

A) LE PARTI SOCIALISTE AU POUVOIR EN 1981

DOSSIER p.290-291

10 mai 1981, F. Mitterrand est élu au 2nd tour des présidentielles face à V. Giscard d’Estaing. Il dissout l’Assemblée Nationale. Aux élections de juin, la gauche obtient la majorité absolue des sièges de l’hémicycle. Pour la 1ère fois depuis 1958, la gauche est au pouvoir, c’est l’alternance.
Pour son gouvernement, le Premier Ministre Pierre Mauroy fait appel au PCF (n’a pas participé à un gouvernement depuis 1947).

Commence alors un vaste programme de réformes :
- politique de nationalisations
- Pour relancer l’économie et combattre le chômage, le gouvernement décide de développer la consommation : augmentation du SMIC, des allocations familiales, passage des congés payés à 5 semaines, limitation de la semaine de travail à 39 heures pour inciter les patrons à embaucher, retraite à 60 ans pour permettre l’embauche des jeunes…
Mais les résultats sont très décevants : déficit commercial et budgétaire, inflation, effondrement du franc, progression du chômage.

1982 : changement de politique. La priorité devient alors la lutte contre l’inflation. C’est le tournant de la rigueur avec la mise en place d’une politique d’austérité. Salaires et prix sont bloqués, les impôts augmentent… Tout cela mécontente l’opinion : les grèves se multiplient dans les usines, les paysans manifestent contre la PAC… P. Mauroy est remplacé en 1984 par L. Fabius. Le nouveau gouvernement ne comporte plus de communistes, qui sont opposés à la politique de rigueur.

B) LA COHABITATION

La gauche perd les législatives de 1986 : l’UDF et le RPR obtiennent la majorité absolue. L’extrême-droite entre à l’Assemblée. Pour la première fois, un président de la Ve République ne dispose pas d’une majorité en accord avec lui.
Mitterrand nomme donc le RPR J. Chirac au poste de Premier Ministre (DOC 2 p.284). C’est la première des cohabitations. Cela n’empêche pas les institutions de fonctionner correctement : la Constitution n’est pas remise en cause. Dans une cohabitation, le président s’occupe de la politique étrangère et de la Défense nationale, alors que la premier ministre décide de l’essentiel de la politique intérieure.
En matière de politique extérieure, le président et son premier ministre ne connaissent pas de divergences profondes. En ce qui concerne la politique intérieure, J. Chirac prend des mesures éco ouvertement libérales : privatisation d’entreprises nationalisées, liberté des prix…

C) LE SECOND SEPTENNAT (1988-1995)

La cohabitation est favorable à F. Mitterrand : il est réélu aux présidentielles de 1988, face à J. Chirac. Il nomme M. Rocard premier ministre. Ayant dissous l’Assemblée, de nouvelles élections ont lieu en juin. Mais si la droite perd la majorité, elle ne la donne pas pour autant aux socialistes.
Les gouvernements de gauche se succèdent : M. Rocard (1988-1991), E. Cresson (1ère femme premier ministre 1991-1992), puis P. Bérégovoy (1992-1993) et poursuivent la politique de rigueur, tout en préparant la France à entrer dans le marché unique européen (1993).
Une nouvelle cohabitation voit le jour en 1993 : la droite étant majoritaire, F. Mitterrand nomme le RPR E. Balladur premier ministre.

D) LE RETOUR DE LA DROITE AU POUVOIR

Aux présidentielles de 1995, J. Chirac l’emporte face au socialiste L. Jospin (Mitterrand ne peut se représenter, il est très malade). Son premier ministre est alors A. Juppé. Mais lorsqu’il dissout l’Assemblée nationale en 1997, les élections législatives sont remportées par la gauche et L. Jospin devient premier ministre. C’est une nouvelle cohabitation.
Durant ce mandat, le septennat devient un quinquennat : les Présidents de la République gouverneront désormais 5 ans au lieu de 7.

La droite française est profondément divisée. Et les partis de gauche ne sont pas en reste… Scandales politico-financiers éclaboussent hommes politiques de gauche comme de droite. Et dans les querelles qui les opposent les uns aux autres (droite contre gauche, mais aussi droite contre droite), l’extrême-droite de J.-M. Le Pen (Front National) tente de jouer le rôle d’arbitre. Avec 15 % de l’électorat, le Front National (FN) jouit d’une réelle audience. Pas mal pour un parti antidémocratique, antiparlementarisme et antisémite (DOC 4 p.284)… Aux présidentielles de 2002, le leader du FN, Jean-Marie Le Pen, arrive même au second tour des élections présidentielles, éliminant le candidat de gauche : du jamais vu dans l'histoire de la Ve République. Du coup, les Français réagissent et vont massivement voter (contrairement au 1er tour), élisant pour un second mandat, Jacques Chirac.
En 2007, c'est encore un homme de droite qui devient Président de la République : Nicolas Sarkozy.


CONCLUSION :

En dépit des tensions, des crises, des problèmes, la Ve République a démontré que ses institutions étaient assez souples pour résister, y compris aux cohabitations (chose que De Gaulle n'avait jamais envisagé comme possible). Certains hommes politiques (de gauche, mais aussi du centre avec le Modem) proposent une réforme constitutionnelle qui nous ferait passer de la Ve à la VIe République. Mais, cela ne semble pas encore à l'ordre du jour…

Cours "Le Japon"

LE JAPON, UNE PUISSANCE ORIGINALE

Japon est un ensemble d’îles (archipel) : avec quatre îles principales => Hokkaïdo, Honshu, Shikoku, Kyushu : carte 2 p. 229
Population : quelques 130 millions d’habitants.
Pays vaincu en 1945 et occupé, c'est aujourd’hui la deuxième puissance mondiale, un pôle majeur de la Triade.
Problématique : Comment le Japon est-il devenu un géant économique ? Quelles sont les limites de cette puissance ?

I) LE JAPON, DEUXIEME PUISSANCE MONDIALE, UN POLE INCONTOURNABLE DE LA TRIADE.

A) Une puissance économique

1/ C'est une puissance commerciale :

DOCS 2 p.234 et 1 p. 232
- Le Japon : 2ème puissance économique mondiale et 3ème puissance commerciale (après les Etats-Unis et l'Allemagne).
- Sa balance commerciale très excédentaire (cela veut dire que le Japon vend plus de produits japonais à l'étranger qu'il n'achète de produits étrangers) : forte exportation des biens de consommation et d’équipement (des voitures à la haute technologie, en passant par la photo, l'audio, l'informatique avec des FTN comme Sony, Toyota, Mitsubishi…). Le Japon limite au maximum les importations : il est très difficile de vendre des produits au Japon quand on est une entreprise étrangère (exception faite des produits de luxe, notamment français, comme la haute couture, les parfums, le champagne…) et de, toute façon, les Japonais préfèrent consommer des produits japonais... La seule exception, ce sont les ressources énergétiques dont le Japon manque.
- Ses principaux partenaires économiques sont les pays d’Asie (avec quelques soucis avec la Chine, séquelles de la Seconde Guerre mondiale : DOC 4 p.235, mais cela est en train d'évoluer : DOC 1 p.234), les Etats-Unis et l'Union européenne.

2/ C'est une puissance financière :

DOC 1 p. 234
- IDE (Investissements directs à l'étranger) : les capitaux japonais sont présents sur tous les continents. La majeure partie des produits japonais sont fabriqués à l'étranger, notamment dans les pays-ateliers d'Asie du Sud-Est.
- La bourse de Tokyo est la 2ème mondiale après Wall Street (Kabuto Sho)

3/ C'est une puissance industrielle :

L'industrie joue un rôle essentiel dans l'économie japonais. Le Japon représente à lui seul 15% du PIB mondial (2ème derrière les Etats-Unis).
Son industrie lourde est puissante : c'est le 1er producteur d’acier, le 3ème pour le raffinage pétrolier… Ces activités sont concentrées sur le littoral qui a été aménagé pour cela (DOCS 1 p.232 et 1 p.238).
La sidérurgie s’est adaptée à la concurrence et résiste fort bien...
En terme de construction navale, le Japon est au 2ème rang mondial, derrière la Corée du Sud (il est vrai qu'il a longtemps été premier…).
En ce qui concerne l'automobile : en 1946, le production était nulle (le Japon ne fabriquait pas de voitures). Aujourd’hui, il est au 1er rang mondial avec Toyota, mais aussi Nissan, Honda…
Enfin, le Japon est premier rang pour les industries de haute technologie pour l’électronique (ex. Canon), la robotique (DOC 3 p.233) ou les biotechnologies.

B) Une puissance mondiale et régionale

Le Japon, outre le fait qu'il soit l'un des pôles de la Triade, est également le centre économique de l’Asie-Pacifique. Les pays du continent asiatique lui fournissent matières premières (pétrole, gaz, etc) contre des produits de technologie, des services et des capitaux. Tous les pays ateliers d'Asie du Sud-Est ont copié le modèle de développement adopté par le Japon dans les années 50 : être un Etat-atelier d'abord pour faire entrer des capitaux étrangers, puis produire des produits de moyenne technologie pour assurer l'approvisionnement du pays (et donc n'avoir plus à acheter ces produits à l'étranger), tout en développant la recherche et la haute technologie pour devenir n°1 partout dans le monde. Cette tactique a déjà bien réussi pour les Dragons qui, grâce à cela, ont quitté le Sud pour intégrer le Nord (cf. le cours de géographie sur l'organisation du monde actuel) et commence à marcher pour d'autres pays d'Asie. La contrepartie, c'est que les Dragons et la Chine sont désormais des concurrents économiques du Japon….

II) LES FONDEMENTS DE LA PUISSANCE

A) La maîtrise d’un territoire hostile

Le Japon est un petit archipel de 378 000 km2, constitué de 4000 îles qui fait environ 2000 kms du nord au sud (DOC 2 p.229).
Les 4/5e du territoire sont constitués de montagnes (le Mont Fuji culmine à 3776 mètres). Les montagnes sont peu habités et les forêts peu exploités. Les plaines littorales exiguës (peu larges)… La conséquence est que beaucoup de Japonais (deux fois la population française) doivent "s'entasser" dans un petit pays (pour rappel : la France a une superficie de 550 000 km2), occupé principalement par des montagnes…Cela donne une occupation de l'espace très dense…PHOTO p.227, DOCS 1 p.230, 2 p.237… On élève même les vaches dans des bâtiments à étages : DOC 4 p.231.

La solution trouvée par les Japonais ? => la construction de terre-pleins permet de maîtriser un territoire hostile et de gagner des terres sur la mer : DOCS 1 p.236, 1 p.238 et 2 p.239 .
On a également construit des tunnels et des ponts pour relier les îles entre-elles. (tunnel de 54 km entre Honshu et Hokkaido).
Le réseau de transport est très dense entre les villes : autoroutes, lignes aériennes, Shinkansen (le train à grande vitesse qui dessert toute la mégalopole).

En plus, le Japon est soumis à des phénomènes naturels incontournables : tremblements de terre (ex. Kobé en 1995 : DOC 2 p.230), typhon, tsunamis… Les contraintes naturelles sont très fortes et nombreuses : la CARTE 3 p.230 vous les détaille…
Là encore, on a trouvé des solutions => Bâtiments aux normes antisismiques, éducation dès le plus jeune âge pour savoir quoi faire en cas de catastrophe naturelle, digues brise-lames…

B) La population : les hommes acteurs de la puissance

130 millions avec de fortes densités de population : 337 hbts au km2 en moyenne. Cela fait qu'il y a une forte concurrence entre les activités économiques et les hommes pour l’occupation de l’espace… D'où les terre-pleins et polders…

80% de la population est urbanisée. Les plus grandes agglomérations se trouvent au sein de la mégalopole. Tokyo compte 31 millions d’habitants, c'est l'une des plus grandes villes du monde. Avec Osaka et Nagoya, ce sont près de 54 millions d’habitants qui se trouvent sur une bande de territoire de près de 1200 km.

D'un point de vue démographique, le Japon connaît un problème de vieillissement. La croissance démographique est faible, puisque la natalité l'est (9,4 pour mille) et que la mortalité est basse (7 pour mille) : cf. les mécanismes de la transition démographique vus dans le chapitre de géographie sur l'organisation du monde actuel.
L'espérance de vie est très élevée, c'est même la plus élevée au monde : 85 ans pour les femmes, 78 ans pour les hommes.

C) Le rôle de l’Etat et de l’entreprise

L'Etat joue un rôle important dans l’économie :
- politique de protectionnisme : il prend des mesures pour limiter les importations étrangères et faciliter les exportations japonaises.
- l'Etat a également créé le METI (Ministère de l’industrie et du commerce) qui contrôle la vie économique par l’information (étude de marchés –chercher ce qui se viendrait le mieux dans telle ou telle région du monde-, recherche des nouvelles technologie, promotion des produits japonais à l’étranger…) et oriente la production industrielle en fonction du marché (ne produire que ce qui se vend).

Il existe aussi ce que l'on appelle les "grandes maisons de commerce" : les SOGO SOSHA liées aux FTN qui servent d'intermédiaire dans le commerce mondial. Les principales FTN japonaise ont d'ailleurs leurs propres sogo soshas. Ces maisons de commerce contrôlent la moitié des exportations et les 2/3 des importations. Elles sont aussi (et surtout) implantées à l’étranger, soit directement là où il faut agir...

Les FTN japonaises s'appellent les keiretsu (Mitshubishi, Fuji…) et sont très organisées. Elles entretiennent des relations étroites avec les petites entreprises japonaises qu'elles font travailler pour elles : ces petites entreprises, ayant ainsi des commandes importantes de la part des keiretsu emploient 80% de la main d’œuvre japonaise.

Enfin, le Japon a une grande capacité d’innovation : d'énormes moyens sont mis sur la recherche et le développement avec aide de l’Etat : ex. technopôle de Tsukuba à Tokyo.
Il faut ajouter à cela que la main-d’œuvre japonaise est qualifiée (très diplômée, l'enseignement étant très important au Japon : la sélection se fait dès la maternelle vers certains types d'école!) et respectueuse de l’autorité et de la hiérarchie (il fut un temps où un employé en grève japonais allait travailler, comme d'habitude, en portant juste un brassard au bras indiquant qu'il est "en grève"…). Mais, ce modèle est remis en cause : les suicides importants chez une jeunesse sous pression scolaire constante pour réussir (certains se suicident parce qu'ils n'ont pas obtenu l'école qu'ils voulaient ou parce qu'ils n'ont pas obtenu l'équivalent du bac…), 20 jours de congés par an, cela semble de plus en plus trop court pour les salariés japonais…


III) UNE PUISSANCE INCOMPLETE

A) La dépendance extérieure

Le Japon est soumis à une forte dépendance agricole, minière et énergétique car il manque de terres cultivables et de ressources naturelles.
C'est donc le premier importateur mondial de produits alimentaires et de matières premières (80% de l’énergie consommée est importée). Il est même dépendant à 100% des pays étrangers pour le pétrole.

Le Japon souffre régulièrement de crises économiques, plus ou moins graves, depuis 1991 qui renforcent sa dépendance extérieure (surtout lorsque la valeur de la monnaie japonaise, le yen baisse : ce que le Japon exporte lui rapporte donc moins). Le chômage devient persistant (5,7% de la population active totale).

B) Un rôle politique mineur

La constitution de 1946 (imposée par les Etats-Unis après la Seconde Guerre mondiale) lui empêche de faire la guerre. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir une armée (c'est même la 4ème armée mondiale en termes d'équipement, grâce à la haute technologie que développe le Japon). En revanche, le pays ne dispose pas de force nucléaire (il a développé le nucléaire civil, pour produire de l'électricité, mais pas le nucléaire militaire). De toute façon, la population japonaise, traumatisée par Hiroshima et Nagasaki en 1945, ne veut pas entendre parler de bombe nucléaire. Le Japon est donc sous la protection nucléaire des Etats-Unis (on appelle ceci le "parapluie nucléaire"), ce qui veut dire que si on attaque le Japon avec une bombe atomique (hypothèse peu probable, on est bien d'accord…), ce sont les Etats-Unis qui ripostent à sa place.

Le Japon a également un rôle diplomatique faible dans le monde. Satellite des Etats-Unis, il intervient peu dans les relations internationales (ce qui revient à dire qu'il s'implique peu dans le règlement de crises internationales qui ont ou pourraient avoir lieu). Le gouvernement et la population japonais désirent cependant jouer un rôle plus important dans les affaires du monde et le maintien de la paix et revendiquent leur entrée au Conseil de sécurité de l’ONU comme membre permanent.


CONCLUSION : L’ORGANISATION DE L’ESPACE JAPONAIS

CARTES 2 p. 232 ET 3 p.230

On oppose un "Japon de l'endroit" ouvert sur le Pacifique et ayant de nombreuses relations, essentiellement économique avec le continent américain, mais également de l'Europe où se trouvent les plus fortes densités de population à un "Japon de l'envers", plus rural, plus fermé, notamment à cause des relations quelques peu tendues que le pays entretient avec la Chine.

D'un point de vue de l'organisation interne du pays, on distingue :
- Le centre : Osaka-Kobé-Kyoto, et la région Nord de Kuyshu, l'axe majeur, la mégalopole japonaise. C'est là que se concentrent toutes les activités de commandement et de production.
- La périphérie proche : les régions du nord et du nord-ouest de Honshu. L'industrialisation y a été plus tardive, mais n'est pas négligeable, et c'est une zone d'activités agricoles (riziculture) et de pêche importantes ;
- Les périphéries délaissées : beaucoup, beaucoup moins dynamiques économiquement. Il s'agit d'Hokkaido (agriculture pas très performante et ressources minières peu importantes) et au Sud, des îles comme Ryu Kyu (cultures tropicales et tourisme).

Cours "Les Etats-Unis d'Amérique"

LES Etats-Unis D'AMÉRIQUE

I) LES FONDEMENTS DE LA PUISSANCE

Fondements = ce que l'on estime être à l'origine de la puissance. Parfois, il est difficile de distinguer les fondements de la puissance des manifestations de celle-ci : ex FTN

A) Un territoire immense et maîtrisé

CARTE p. 201

50 États (dont 2 hors masse continentale : Alaska et Hawaï) = 9,4 millions de km2
4500 km de New York au Pacifique, 2000 km de la frontière canadienne à celle du Mexique

Conséquence d'une telle immensité :
* 7,8 millions de km2 aux latitudes moyennes qui sont cultivables = seuls 200 millions d'hectares sont effectivement mis en culture (le reste est conservé en "réserve").
* une grande diversité climatique : elle permet des cultures variées, y compris plantes tropicales, en plus des céréales…
* une grande richesse du sous-sol : pétrole (400 millions de tonnes), charbon (les réserves du territoire peuvent alimenter encore le pays pendant quatre siècles), minerai de fer… (CARTE 2 p. 210)

C'est un espace maîtrisé en dépit des fortes contraintes (comme les montagnes Rocheuses, difficiles à franchir) :
Importance du réseau routier (plus de 6 millions de km de routes dont 90 000 d'autoroutes + DOC 4 p.211), réseau ferroviaire et desserte par voie aérienne (vols intérieurs) bien supérieure à celle de l'Europe (Pour aller de Seattle à Boston : 1000 km A/R = 90$ NB : 1 € = environ 1,3497$...).

B) Une population dynamique

Quelques 300 millions Américains alors que territoire était pratiquement vide, il y a deux siècles.

CARTE 1 p. 202
Certes très inégale répartition, mais…
C'est une population nombreuse, ce qui est un atout pour économie car elle représente marché important et solvable (ayant de l'argent) car possédant (en moyenne) un très haut niveau de revenus (PIB/hbt = 40 000 $)

Cette croissance rapide est due à des vagues successives de migrations.
Voir composition : DOC 2 p. 202
Immigrants = main-d'œuvre peu qualifiée, donc peu chère….
Mais, les Etats-Unis drainent aussi la moitié des migrants du monde de la formation supérieure = brain drain (migration des cerveaux)

La population essentiellement urbaine (79%) et très mobile (15% des Etasuniens déménageant tous les ans : 43 millions de déménagements en 2000) : c'est aussi un facteur de dynamisme. Cette population mobile est toujours à l'affût d'une promotion dans le cadre professionnel.

Il y a aussi une question d'état d'esprit : le rêve américain encore très présent, celui du self made man (la croyance que n'importe quel individu peut réussir et devenir riche aux Etats-Unis, s'il en a la volonté et s'en donne la peine), mythologie de la réussite : cela induit une culture de l'esprit d'initiative et une volonté d'entreprendre qui sont liées au capitalisme et au libéralisme.

C) Une économie puissante et diversifiée

Etats-Unis = PIB le plus élevé du monde (20% PIB mondial)
5% de la population du globe = 25% richesse mondiale produite

1) Une agriculture ultra performante :

DOSSIER p.216-217

Puissance agricole de 1er ordre. Les Etats-Unis sont aux 1ers rangs dans la plupart des productions = ils fournissent 20% de la production agricole mondiale.
C'est une agriculture quasi industrielle avec la mécanisation (récolte avec des machines), la motorisation (utilisation massive d'engins à moteur, les engrais, les semences OGM, les pesticides, le bétail élevé dans de gigantesques exploitations appelées feedlots…). De nombreuses exploitations dépassent les 250 hectares.
L'agrobusiness (système agro-industriel = DOC 3 p.217) est un aspect important de l'économie étasunienne : l'agriculture n'est qu'un maillon dans un système plus complexe et très rentable.
L'agriculture est un secteur également très subventionné : l'Etat fédéral américain aide beaucoup financièrement ses agriculteurs, afin que ceux-ci demeurent compétitifs.

2) Une industrie innovante et puissante :

CARTE 1 p.218

Les Etats-Unis sont à la pointe de l'innovation avec des industries de haute technologie très développées = aérospatiale et aéronautique (Boeing), électronique (IBM), informatique (Microsoft)…

Les industries traditionnelles (textile, sidérurgie) du Nord-Est (région appelée la "Manufacturing Belt" = la ceinture industriel) ont surmonté en partie la crise des années 70 et se sont modernisées.
Bémol : il y a encore des difficultés dans l'industrie automobile.

L'espace industriel étasunien s'évalue à l'échelle mondiale
- Exemple des maquiladoras (DOC 2 p.218)
- Délocalisation et implantations à l'étranger, notamment en Asie du Sud-Est (DOC 3 p.218).

3) Les services (tertiaire) : le secteur le plus dynamique

DOSSIER p.214-215

75% richesses du pays sont produites par le secteur tertiaire
Ce secteur est créateur des 3/4 des emplois ces 5 dernières années.
Il est très diversifié (DOC 2 p.214) : finances (banques), recherche, internet…
La moitié des prix Nobel et des brevets de haute technologie sont étasuniens. Les Etats-Unis à eux seuls représentent des capacités de recherche supérieures au Japon, à l'Allemagne, à la France et au Royaume-Uni réunis. Cf. DOC 4 p. 212
Asso universités us, labos recherche et FMN ds technopôles (Silicon Valley où naissance internet = DOC 1 p.212).
Les Etats-Unis maîtrise les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) soutenues par internet = naissance d'entreprises à croissance rapide (les "Start up") dont certaines sont aujourd'hui des géants économiques mondiaux comme google (créé en 1998)

II) LES MANIFESTATIONS DE LA PUISSANCE

Manifestations de la puissance = à quoi voit-on puissance ? Par quoi est-ce visible ?

A) La puissance économique

1/ Une puissance financière

- Le $ (dollar) est une monnaie qui continue à jouer le rôle de monnaie de référence mondiale, ce qui assure aux Etats-Unis une position dominante. Certains produits ne sont vendus qu'en dollar, par exemple, comme le pétrole.
- Les flux d'investissements à l'étranger (le fait d'investir de l'argent dans des entreprises étrangères à l'étranger ou de s'implanter à l'étranger) sont massifs (essentiellement dus à l'implantation des transnationales) et se dirigent essentiellement vers les autres pôles de la Triade (UE, Japon, Amérique du Nord)
- La bourse de Wall Street à Manhattan est la première place boursière du monde.

2/ Une puissance économique

Firmes transnationales (FTN) sont le symboles de la place dominante des Etats-Unis.
Les FTN américaines sont le moteur de la croissance mondiale. La moitié des profits des 500 entreprises mondiales est réalisé par des firmes américaines.
La plupart des transnationales ont leur siège aux E.U. (30% des 500 premières entreprises mondiales).
Les domaines clés sont la biotechnologie, l’informatique, l’électronique et l’aéronautique

3/ Une puissance commerciale

Les Etats-Unis réalisent environ 13% du commerce mondial et le 2nd exportateur mondial derrière l'Allemagne.

* Ses principaux partenaires commerciaux sont :
- Les pays membres de l'ALENA (premier client et second fournisseur)
- La façade Asie/Pacifique (surtout le Japon et la Chine)
- l'UE : 3° partenaire commercial.
* Les EU exportent et importent essentiellement des produits manufacturés (pour les matières premières ils sont presque autosuffisants, sauf les hydrocarbures, c'est-à-dire le pétrole et le gaz naturel).
* Pour faciliter ces échanges, les EU ont réussi à faire baisser les barrières douanières, dans le cadre de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce, où ils jouent un rôle prépondérant)

B) Les Etats-Unis, "gendarmes du monde" ?

1/ Une présence internationale

CARTE 1 p.208

Les Etats-Unis tendent à devenir les "gendarmes du monde" :
* Présence de troupes et de bases militaires dans de nombreux pays où il y a des intérêts stratégiques.
* Flottes de guerre présentes sur toutes les mers (sous-marins nucléaires, porte-avions…).
* Satellites qui renseignent le Pentagone en permanence sur les mouvements de troupes sur tous les continents.
Ainsi, le formidable arsenal nucléaire et conventionnel (les armes et missiles autres que nucléaire) montre que la capacité d'intervention des Etats-Unis est très supérieure à celle des autres pays.
La puissance de la diplomatie étasunienne est considérable : se veulent (et se présentent comme tels) gendarmes du monde. Depuis la chute du communisme soviétique, ils sont la seule superpuissance qui reste.
C'est un rôle d’ailleurs ingrat : quand agissent ,on leur reproche leur impérialisme (la volonté d'imposer leur volonté et leurs décisions); quand ils n’agissent pas, on leur reproche de ne pas intervenir…

2/ Une puissance militaire au service de la domination politique et commerciale ?

DOC 2 p.208
- Les interventions étasuniennes sont souvent "ciblées" : elles traduisent une volonté d'influence politique et de s'ouvrir de nouveaux marchés économiques.
- Les ventes d'armes représentent un des premiers postes excédentaires dans les échanges… Vendre des armes demeure une source de bénéfices considérable pour le pays.

C) La diffusion d'un modèle social et culturel étasunien :
La "mac-donaldisation" du monde


1/ Une "culture de masse"

DOC 3 p.208
La culture américaine est une culture populaire, de masse, qui pénètre l'ensemble du monde dans tous les domaines. (Mac Do, Coca, le cinéma hollywoodien, les séries télé…)
Cette "culture des marchands" génère des profits très élevés. (ex. les droits TV, vidéos, musique et films qui génèrent un excédent de 10 milliards de $/an)

2/ Les vecteurs de l'American Way of Life
Ainsi, le mode de vie de nombreuses populations hors des Etats-Unis s'américanise grâce à :
- la maîtrise des techniques, des réseaux d'informations (CNN, Internet). Les 3/4 des images projetées dans le monde (TV et cinéma) viennent des EU
- le mélange culturel de la population américaine qui fait que cette culture trouve un écho dans le monde.
L'American Way of Life (une vie de confort avec un quotidien qui dispose de tous les ustensiles modernes) renvoie au "rêve américain" : réussite matérielle + promotion sociale possible pour tous.

III) LES LIMITES DE LA PUISSANCE

A) Le continent américain : chasse gardée des Etats-Unis

Principes énoncés par le Président Monroe en 1823 : le continent américain est considéré comme « chasse gardée » des Etats-Unis.
Avec l’ALENA : renforcement de leur emprise = cet Accord de Libre Echange Nord-Américain entre EU/Canada/Mexique, ratifié en décembre 92, est appliqué à partir janv. 94. Son but est la libre circulation des biens et des services. C'est une création pour rivaliser contre l’UE = limiter la concurrence européenne et donner un nouveau souffle aux industries des Etats-Unis et du Canada en leur trouvant des débouchés. L'intégration du Mexique est une volonté de Washington = il s'agissait de mettre un frein à l’émigration clandestine et de pouvoir disposer d'une main-d'œuvre peu chère dans les maquiladoras.. Les Etats-Unis ne considèrent donc pas de la même façon leur partenaire canadien (pays développé comme eux) et le Mexique, plutôt considéré comme un pays sous-traitant. L’ALENA représente 385 millions de consommateurs. Les Etats-Unis voudraient l’étendre à tout le continent américain, ce qui provoque de vives réactions de certains pays. En réaction, certains pays tentent leur propre organisation pour empêcher l'extension de l'ALENA : le MERCOSUR (Brésil/Argentine/Paraguay/Uruguay).

B) Une concurrence économique des autres pays de plus en plus rude

Face à la montée en puissance de certains pays, les Etats-Unis se montrent de plus en plus agressifs sur les marchés : ils accusent les Européens de concurrence déloyale (qui viennent les concurrencer dans deux domaines clef = l’agriculture et l’aéronautique avec Airbus) et s’inquiètent de la concurrence japonaise et des NPI asiatiques. Les partenaires de la Triade sont aussi des rivaux redoutés qui se livrent véritables guerres commerciale :
- Les Etats-Unis ont imposé une augmentation de la valeur du yen pour limiter le commerce extérieur du Japon (1er Endaka – c'est le nom que l'on donne à ce procédé - en 1985) : plus le yen est cher, plus le prix des exportations japonaises est élevé, donc ils vendent moins…
- guerre du blé avec la CEE en 1986, guerre des téléviseurs avec le Japon en 1987
- Tensions avec la France pour le libre accès aux aéroports français en 1996, etc.

C) La contestation de l’hégémonie diplomatique et culturelle américaine :

La civilisation américaine est contestée par des civilisations plus dynamiques démographiquement et en plein essor éco = Asiatisme et Islam
Développement de l'iintégrisme = apparition d'États islamiques en opposition avec la civilisation occidentale symbolisée par les Etats-Unis (jugée dominatrice et laïque, méprisante et dangereuse).
Malgré l'acculturation (la mise en place d'une culture commune très américanisée) occidentale du monde, des foyers de production régionaux importants subsistent :le cinéma indien ou égyptien, la télévision brésilienne.
L'universalisme de la culture américaine est parfois contesté : en 1997, les pays de l'A.S.E.A.N. ont contesté la vision américaine des droits de l'homme centrée sur l'individu en faveur d'une vision asiatique prônant le respect de la famille, de la discipline, de l'autorité.
Les interventions étasuniennes dans le monde ne cesse de provoquer des contestations et des oppositions : leur présence en Irak ou en Afghanistan, par exemple, ressemble fort à un échec cuisant des objectifs initiaux….

CONCLUSION : L'organisation régionale des Etats-Unis

DOSSIER p.220-221

1/ Une puissance mondiale qui s’appuie largement sur le Nord-Est (Manufacturing belt)
a - Un ensemble homogène
- Peu vaste, mais très peuplé = 35 % population totale des Etats-Unis.
- Raisons historiques :
* La côte Est est le premier foyer de peuplement (les 13 colonies anglaises d’origine), interface avec l’Europe, de l'autre côté de l'Atlantique.
* La région des Grands Lacs : c'est la première extension, puis la base-arrière du territoire lors de la conquête de l’Ouest.
Résultat : un réseau urbain dense et complet : la Mégalopolis
- Crise industrielle et conséquences :
1970-1980 : crise industrielle touchant de nombreux secteurs de la Manufacturing Belt (sidérurgie, textile, auto) => départ population vers Sud
Augmentation du chômage + friches industrielles (zones industrielles laissées à l'abandon)
b - Renouveau et recomposition
· Renouveau
Reconquête des centre-villes : grandes opérations d’urbanisme.
Implantation de technopôles le long des autoroutes.
· Recomposition de l’espace régional
- La Mégalopolis se renforce : elle demeure un foyer majeur de peuplement et d’activités.
New-York est un pivot majeur. Le tiers des transactions mondiales se font à New York
- Région des Grands Lacs : affaiblie.
Mais la région Nord-Est demeure la région de la puissance financière, économique, politique, liée au monde.

2/ La Sun belt (Ceinture de soleil), la périphérie dynamique
Région où l’on trouve les rythmes de progression économique les plus forts.
Trois points forts : Californie, Texas, Floride. Plus récent : Puget Sound (= nord-ouest autour de Seattle)
a - Une région attractive :
- Cadre naturel
- Situation géo : interface triple :
- Asie-Pacifique
- Canada
- Amérique Sud (Caraïbes, centrale et Sud) : frontière avec Mexique => villes doubles et maquiladoras.
=> Essor population exceptionnel.
Depuis 1950 : sa population a plus que doublé (40% de la population des Etats-Unis)
=> Développement économique :
- Industrie Haute technologie : Seattle (aviation avec Boeing) - Houston, Dallas, Cap Kennedy en Floride (Aérospatiale)
- Agriculture dynamique
- Services : Accueil retraités + tourisme : la Floride reçoit autant de touristes que l’Espagne.
b - Des contrastes spatiaux.
- Façade Pacifique : Californie + Pudget Sound = centres de développement
Californie : Premier Etat pour la population, l'agriculture, l'industrie et le PIB.
Au delà : quelques îlots de développement autour des villes en plein désert.
- « Nouveau-Sud » : Texas-Floride. Métropoles puissantes, mais peu reliées entre elles.
- « Vieux Sud » : autour d'Atlanta : cet espace est la région la moins attractive de la Sun Belt.
c - Les limites.
Société à deux vitesses : forts écarts sociaux dans cette région riche et développée.
* millions de clandestins en situation précaire.
* beaucoup d'emplois peu payés et sous qualifiés.

3/ L’Amérique intérieure marginalisée et les "Amériques externes"
a - L’Amérique intérieure.
Peu attractive
=> Faible densité de population, pas de villes majeures, réseau urbain très faible.
* Mais, c'est un centre agricole. La capacité de production est très importante dans les Grandes Plaines
* Près des Rocheuses : mines et tourisme (Parcs Naturels, casinos avec Las Vegas.
b - Les « Amériques externes ».
Alaska et Hawaï : Espaces intégrés à la Sun Belt.
- Activités : Tourisme : Alaska, mais surtout Hawaï : 5 millions de visiteurs - Militaire : bases aéronavales (Pearl Harbor) - Agriculture : ananas, canne à sucre - Matières premières : l'Alaska fournit 1/4 du pétrole des Etats-Unis.

Cours "Décolonisation et émergence du Tiers-Monde"

DÉCOLONISATION ET
EMERGENCE DU TIERS-MONDE


I) LES ORIGINES DE LA DÉCOLONISATION

A) L’AFFAIBLISSEMENT DES PUISSANCES COLONIALES :
LES EFFETS DE LA 2NDE GUERRE MONDIALE

Comme en 1914, les colonies ont été entraînées dans la guerre par les métropoles. Elles ont largement contribué à l’effort de guerre. Ainsi, quelques deux millions d’Indiens ont servi dans l’armée britannique. Des opérations militaires se sont déroulées sur le territoire des colonies, comme par exemple en Indonésie hollandaise ou en Indochine française.
L’Axe a essayé de soulever les colonies contre leurs métropoles. Les Japonais en Asie se sont présenté comme les libérateurs des hommes blancs et ont promis l’indépendance. Les Allemands ont fait de même en Afrique et notamment en Tunisie.
Malgré ces promesses, les colonies sont restées fidèles à leurs métropoles et ont choisi de résister à l’Axe. En échange, elles espèrent une amélioration de leur sort.

La 2nde Guerre mondiale a considérablement affaibli les puissances coloniales comme la France ou le Royaume-Uni. Les Européens portent la responsabilité de la guerre. Pour la seconde fois en moins de 50 ans, les horreurs commises par "l’homme blanc" ternissent l’image de ceux chargés, soi-disant, de "civiliser" le monde. Certains colonisateurs, comme la France, la Belgique et les Pays-Bas, vaincus en 1940 et occupés, ont beaucoup perdu de leur prestige. Léopold Sédar Senghor exprime assez clairement son exaspération quant à la soi-disant supériorité de la race blanche… (DOC 2 p.170)

B) LE ROLE DES MOUVEMENTS NATIONALISTES

Ces mouvements nationalistes sont nés pour la plupart dans l’entre-deux-guerres, parfois même avant, comme le Parti du Congrès né en Inde à la fin du XIXe siècle. Ils sont souvent le fait d’une élite indigène, ayant parfaitement assimilé la culture européenne (cf. Gandhi et Nehru qui ont fait leurs études de droit en Angleterre, L. Sédar Senghor ayant fait ses études à Paris, tout comme Bourguiba…). Ils vont retourner contre les Européens leurs propres arguments : liberté, égalité, fraternité, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes…
Ces mouvements nationalistes dénoncent la domination européenne et l’exploitation des peuples des colonies. Ils retrouvent leur identité nationale, niée par les colonisateurs, dans le passé, les coutumes, la langue et la religion (cf. Senghor célébrant la négritude et la culture africaine + DOC 2 p. 170).
Les chefs de ces mouvements nationalistes doivent être connus : Nehru en Inde avec le Parti du Congrès, Bourguiba fondateur du Neo-Destour tunisien, Hô Chi Minh et sa Ligue révolutionnaire pour l’indépendance du Viêt-nam (ou Viêt-minh) en 1941…
Les revendications de ces mouvements nationalistes varient : certains réclament l’autonomie (c'est-à-dire plus de liberté pour gérer eux-mêmes leurs propres affaires dans les colonies, sans forcément rompre avec la métropole), d’autres purement et simplement l’indépendance.

C) LES SOUTIENS INTERNATIONAUX

Les colonies cherchant à s’émanciper vont bénéficier après 1945 de soutiens : TP "Un contexte général international favorable".
- L’URSS condamne le colonialisme pour des raisons idéologiques : c’est une forme de domination du système capitaliste. La décolonisation pour elle doit permettre l’affaiblissement du camp occidental et le ralliement des nouveaux États à la cause communiste.
- Les É-U sont le 1er État décolonisé du monde (XVIIIe siècle). Ils sont donc favorables à la décolonisation par principe. Mais à une seule condition : elle ne doit pas favoriser la progression du communisme…
Autant dire que la décolonisation va être un enjeu de poids dans les relations entre les Deux Grands, dans le contexte de l'affrontement Est/Ouest, chacun cherchant à étendre son influence tout en empêchant celle de l’autre camp.
- l’ONU : dans sa Charte de 1945, elle proclame l’égalité des peuples et leur droit à disposer d’eux-mêmes. Elle va donc soutenir la décolonisation.
- Les pays nouvellement indépendants, qui à mesure de la décolonisation, vont soutenir les peuples encore dominés.

II) ÉTAPES ET FORMES DE LA DÉCOLONISATION

CARTE 1 p. 170

A) DE L’ASIE À L’AFRIQUE

La décolonisation débute en Asie. L’Inde britannique devient indépendante en 1947. Puis vient le tour de l’Indonésie hollandaise en 1949, puis de l’Indochine française en 1954.
Puis le mouvement de décolonisation s’étend en Afrique. Au Proche-Orient, en 1945, la France a déjà renoncé à ses mandats sur le Liban et la Syrie (anciens territoires de l'Empire ottoman, vaincu de la guerre de 1914-1918). En 1947, les Britanniques se retirent de Palestine : l’État d’Israël naît.
Vient ensuite, en Afrique du Nord, l’indépendance du Maroc et de la Tunisie français (1956) et de l’Algérie (1962). Au début des années 60, commence l’indépendance des colonies d’Afrique Noire. Le dernier empire colonial à tomber = celui du Portugal (Angola et Mozambique en 1975).

B) DÉCOLONISATION PACIFIQUE ET DÉCOLONISATION VIOLENTE

Selon les colonies, l’attitude de la métropole et la période, l’indépendance est obtenue par la négociation ou par la lutte armée.

1) LA DÉCOLONISATION PACIFIQUE
Le cas le plus caractéristique est celui de l’Inde (cf. le TP n°2 comparant les indépendances indienne et algérienne et DOSSIER p. 168-169). Depuis l’entre-deux-guerres, Gandhi et Nehru prônent l’action non violente contre la présence anglaise. Ils rencontrent une réelle volonté britannique de conciliation. Durant la guerre, la GB a promis l’indépendance à l’Inde et celle-ci l’obtient sans heurts en 1947, après deux ans de négociations sur le sort des musulmans minoritaires. En 1947 naissent donc deux États séparés : l’Union Indienne hindoue et le Pakistan musulman (NB : les affrontements sanglants vont venir après l’indépendance entre hindous et musulmans)
Autres bons exemples de décolonisation sans violence : Le Maroc et la Tunisie. Les indépendantistes de ces deux Etats ont du lutter pour obtenir l'indépendance en 1956, mais sans que cela dégénère en guerre). Mais aussi l’Afrique Noire française à laquelle la loi-cadre de Gaston Deferre (ministre de la France d’Outre-mer sous le gouvernement Mollet) accorde l’autonomie en 1956, dans le cadre d’une communauté franco-africaine. En 1960, l’indépendance totale est accordée, les nouveaux États créés conservant très souvent des liens de coopération avec leur ancienne métropole (DOCS 3 p. 170 et 1 p. 182).

2) LA DÉCOLONISATION VIOLENTE, PAR LES ARMES
Certaines colonies ont été obligées de mener de très dures guerres d’indépendance pour obtenir leur liberté, qui ont causé la mort de dizaines de milliers de personnes. C’est le cas de l’Indonésie hollandaise évacuée en 1949, ou du Kenya britannique (révolte des Mau-Mau) indépendant en 1963.
La France a aussi mené des guerres coloniales :
- En Indochine : Hô Chi Minh a proclamé l’indépendance du Viêt-nam dès 1946 (DOC 2 p. 164). Mais l’armée française (encore humiliée par la défaite de 1940) s’y refuse au nom de la grandeur de la France. Commence alors la guerre qui va durer jusqu’en 1954. Les Viêt-minh communistes menant une guérilla très efficace avec l’aide de l’URSS et de la Chine (à partir de 1950). Après la défaite de Diên Biên Phu (1954), signature des accords de Genève. Naissent 4 États : Le Nord Viêt-nam communiste, le Sud Viêt-nam pro-américain, le Laos et le Cambodge.
- En Algérie : 8 années de guerre de 1954 à 1962 opposant le Front de Libération Nationale (FLN), soutenu par le Maroc, la Tunisie et l’Égypte de Nasser, au colonisateur français. 1962 : Les accords d’Evian accordent l'indépendance à l'Algérie. (Cf. le TP n°2 comparant les indépendances indienne et algérienne + DOSSIERS p.183 et p. 272-273).

III) UN TROISIÈME MONDE : L’ÉMERGENCE DU TIERS-MONDE

Expression Tiers-Monde créée par le français A. Sauvy en 1952, en référence au Tiers État de 1789, majorité qui n’est rien politiquement et qui aspire à devenir quelque chose.

A) UNE VOLONTÉ COMMUNE : BANDUNG 1955 (CARTE 1 p. 172)

En 1955, l’Inde, l’Indonésie, la Birmanie, Ceylan et le Pakistan décident d’inviter les pays asiatiques et africains, nouvellement indépendants ou ayant subi l’impérialisme européen, à une conférence pour « examiner leurs intérêts mutuels et communs » et notamment ceux concernant leur « souveraineté nationale ainsi que le racisme et le colonialisme ». 29 pays viennent effectivement à Bandung (ou Bandœng, ville d’Indonésie). URSS et É-U ne sont pas invités.
Les principaux animateurs de la conférence sont Nehru (Inde), Zhou Enlai (Chine) et Nasser (Égypte). Nehru estime que l’Asie et l’Afrique ont des problèmes particuliers et ne sont pas concernées par la division Est/Ouest. Outre la condamnation du colonialisme et la déclaration d’une solidarité avec les peuples encore opprimés, la conférence propose, pour soustraire ce monde de la Guerre Froide, un non-alignement ou neutralisme (Mouvement des non-alignés qui se met définitivement en place à la conférence de Belgrade en 1961).
Au cours de cette conférence, les représentants des 29 pays présents ont affirmé leur volonté d’être des acteurs à part entière dans les relations internationales (et effectivement leur poids va aller grandissant à l’ONU). Si tous ne sont pas favorables au non-alignement (certains préfèrent des alliances avec les É-U ou l’URSS), tous condamnent la colonisation présente en Afrique.

B) MAIS UNE DIFFICILE UNITÉ

L’unité politique de ce Tiers Monde qui est en train d’émerger a du mal à se réaliser. Dans le contexte de la Guerre Froide, il va devenir un enjeu pour É-U et URSS, les Deux Grands profitant des leurs difficultés pour étendre leur influence. Tous les pays nouvellement indépendants ne rentrent pas dans le mouvement des non-alignés. Certains choisissent le camp communiste (Cuba, le Nord Vietnam…), d’autres, comme la plupart des anciens territoires d’Afrique française choisissent le camp de l’Occident.
Lors de guerres locales, les belligérants cherchent l’appui de l’un ou l’autre bloc.

C) DES ÉTATS FRAGILES

La plupart des nouveaux États sont extrêmement fragiles et connaissent un faible niveau de développement.

Les difficultés éco viennent surtout des colonisateurs. Les métropoles ont mis en place une économie tournée vers leurs propres besoins : matières premières, cultures commerciales (caoutchouc par exemple) au détriment des cultures vivrières (ce qui fait que les besoins alimentaires d’une population en pleine explosion démographique ne sont pas assurés), l’industrialisation a été négligée…
Cette explosion démographique pose de graves problèmes. Pour développer l’enseignement, former des travailleurs qualifiés, créer des hôpitaux, construire des routes et des usines, il faut des capitaux (de l'argent!). N’en ayant pas, les pays du Tiers-Monde empruntent aux pays industrialisés, leurs anciennes métropoles, auprès desquels ils s’endettent dangereusement.
Les pays du Tiers-Monde subissent une dépendance d’un nouveau genre vis-à-vis des ex-métropoles. Capitaux, biens d’équipement et biens alimentaires sont échangés contre des produits de base à des prix fixés par les pays riches (ceux-ci ayant toujours les mêmes besoins en matières premières…) Impossible donc de mettre fin aux cultures commerciales par exemple, sinon on perd sa "monnaie d’échange" avec les pays riches. C’est le cercle vicieux. Un NEO-COLONIALISME économique a fait suite au colonialisme politique

Les difficultés politiques sont aussi héritées de la période coloniale. Les frontières sont restées celles tracées par les Européens. Or, celles-ci ont été mises en place sans que l’on tienne compte des différents peuples. Dans un même pays, on trouve des peuples que tout oppose : langue, religion, culture… C’est là la source de beaucoup des conflits ethniques qui déchirent l’Afrique, des coups d’État militaires aux guerres civiles si sanglantes (CARTE 1 p.186).

En 1964, à la demande des États du Tiers monde, l’ONU a décidé de créer la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED). Celle-ci se réunit régulièrement et réfléchit à une organisation économique du monde plus juste, permettant de diminuer les écarts entre pays riches (le Nord) et pauvres (le Sud). Autant dire qu’il leur reste pas mal de travail…

Cours "L'affrontement Est-Ouest"

L'AFFRONTEMENT EST/OUEST ET
LA DISSOLUTION DES BLOCS DE 1945 À NOS JOURS
Première partie (1945-1975)

Les Etats-Unis et l'URSS sont alliés pendant la 2nde Guerre Mondiale, face à un ennemi commun, l'Allemagne nazie : c'est la Grande Alliance. Mais, une fois la guerre finie, ils vont devenir rivaux et le monde va être divisé en deux, entre les Etats-Unis et leurs alliés d'un côté (l'Ouest), l'URSS et leurs alliés de l'autre (l'Est) On parle de bipolarisation du monde autour des deux Grands. Il y a plusieurs phases dans cet affrontement Est/Ouest :
1) la période de la Guerre Froide de 1945 à 1953 : les deux Grands vont s'affronter, se "chercher" mais sans en venir à un conflit les impliquant directement. On se bat par pays interposés et sur le terrain idéologique.
2) La période de la Coexistence pacifique (le Dégel) de 1954 à 1963 (après la guerre de Corée et la mort de Staline) : les deux Grands essaient de s'entendre pour éviter l'escalade.
3) La période de la Détente de 1963 à 1975, après les crises de Berlin et Cuba. Les deux Grands décident de gérer en commun les affaires mondiales, en s'accommodant de la présence de l'autre.
4) La période de la "guerre fraîche" de 1975 à 1985, : les relations entre les Deux Grands se gâtant à nouveau.
5) La nouvelle Détente de 1985 à 1991 : cette période d'amélioration des relations entre Etats-Unis et URSS s'achève avec la disparition de l'URSS.

I) 1945-1953 : DE L'ALLIANCE À LA GUERRE FROIDE

A) La fin de la Grande Alliance : 1947, la rupture

L'alliance entre les Etats-Unis et l'URSS ne survit pas à la fin de la guerre :
* Les Américains reprochent aux Russes de :
- vouloir construire en Europe de l'Est (territoires libérés de la domination nazie par l'Armée Rouge) une zone d'influence soviétique. Staline veut effectivement y créer un glacis défensif.
- d'avoir dans ce but influencé les élections, où des gouvernements communistes ont été élus
* Les Russes reprochent aux Américains de :
- vouloir s'imposer en mettant en avant la bombe atomique qu'ils sont les seuls à posséder
- être trop cléments avec les Allemands car le processus de dénazification (traque des dirigeants et sympathisants nazis, décidé en commun pendant la guerre) est arrêté dans les territoires sous contrôle américain.
L'Europe est le premier terrain d'affrontement des deux Grands. L'année 47 est une année très dure en Europe (restée en mémoire comme "l'année terrible") : pénurie alimentaire, difficultés économiques, inflation… La joie née de la libération est retombée et le mécontentement des populations s'accentue. Les Etats-Unis ont peur que ce mécontentement soit exploité par les partis communistes occidentaux et décident de réagir pour éviter une "contagion" communiste en Europe de l'Ouest.

TP 1 : les doctrines Truman et Jdanov

Le 12 mars 1947, le président Truman prononce un discours devant le Congrès américain où il expose sa volonté d'endiguer (freiner, contenir) le communisme : c'est la doctrine du "containment".
Le 5 juin 1947, le général Marshall, secrétaire d'État de Truman, propose à l'Europe une aide économique pour reconstruire l'Europe : c'est le plan Marshall. Il prétend que cette offre s'adresse aussi à la Russie et à l'Europe de l'Est, sachant pertinemment que l'URSS va refuser (DOC 3 p.158 et 5 p.159).
Ce qui se passe effectivement…
La riposte soviétique est immédiate (sept. 47) : sa propre doctrine est élaborée par A. Jdanov, qui prône la prise du pouvoir par les partis communistes dans tous les pays européens. L'URSS crée pour cela le KOMINFORM, organe de coordination de tous les PC d'Europe, pour les encourager à lutter contre le capitalisme et déclencher des grèves révolutionnaires.
Deux conceptions divergentes du monde sont face à face :
A partir de ce moment, l'Europe est coupée en deux par un "rideau de fer" de Stettin (sur la Baltique) à Trieste (sur l'Adriatique), selon l'expression de W. Churchill. Chacun va chercher à consolider son camp et former ce qu'on appelle un bloc.

B) Au cœur de la Guerre froide (1948-1953)

1) La formation des blocs

DOCS 1 p.154, 1 p.158 et 3 p.164 + POLYCOPS SUR LA FORMATION DES BLOCS

Le bloc américain regroupent derrière les Etats-Unis les pays d'Europe de l'Ouest (et leurs colonies au début). Selon les Américains, c'est "le monde libre", celui des démocraties libérales et du capitalisme. Tous les pays du bloc américain sont anti-communistes. Aux Etats-Unis, cela tourne même au délire avec le sénateur Mac Carthy qui organise une véritable "chasse aux sorcières" contre les partisans supposés du communisme aux Etats-Unis (création de la CIA, les services secrets en 1947)
Les EU multiplient les alliances pour encercler et contenir le bloc communiste :
- 1949 : signature du Pacte atlantique et création de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, alliance militaire avec l'Europe de l'Ouest), alors que l'URSS dispose de la bombe atomique.
- 1954 : OTASE (Organisation du Traité de l'Asie du Sud-Est), idem OTAN, mais pour l'Asie
- 1955 : Pacte de Bagdad, avec la Grande-Bretagne, la Turquie, l'Iran, le Pakistan et l'Irak.

Le bloc soviétique regroupe derrière l'URSS toute l'Europe de l'Est depuis le Coup de Prague (Staline a fait échouer une tentative tchécoslovaque de mettre en place un gouvernement pas seulement composé de communistes, mais aussi de démocrates). Mise en place des démocraties populaires, véritables États-satellites de l'URSS. Ceux qui voudraient s'éloigner du modèle stalinien sont éliminés par des procès politiques et finissent au goulag. Les hommes au pouvoir dans ces pays sont entièrement dévoués à Staline. Le bloc communiste se renforce en 1949 lorsque la Chine devient communiste (Mao Zedong)
L'URSS renforce aussi ses liens avec les "pays frères" par des alliances :
- 1949 : CAEM (Conseil d'Assistance Economique Mutuelle aussi appelée comecon) pour développer des liens économiques (en fait : intégration éco des démocraties populaires à l'espace soviétique)
- 1955 : Pacte de Varsovie, alliance militaire.

2) L'affrontement des blocs

Deux graves crises vont secouer le monde et mettre face à face les deux Grands.
* La première crise de Berlin (1948-1949) : VOIR LE DEVOIR SUR BERLIN et LES DOSSIERS p.156-157 et 160-161
* La guerre de Corée (1950-1953) : DOCS 4 et 5 p.165
La Corée a été sous domination japonaise (allié de l'Allemagne nazie). A la fin de la guerre, le pays (comme l'Allemagne) est divisé en 2, de part et d'autre du 38e parallèle : au Sud, sous influence américaine, au Nord sous influence soviétique. Le 25/06/50, la Corée du Nord, encouragée et armée par Staline, envahit le Sud. Les Américains interviennent, sous mandat de l'ONU, mais sont bousculés par des troupes communistes chinoises. On est au bord de la 3e Guerre Mondiale. Le général Mc Arthur propose même de larguer une bombe atomique et d'attaquer la Chine. Truman le révoque et le conflit va s'enliser. Fin 51, le front se stabilise autour du 38e parallèle. La paix signée en 1954 est une "paix blanche" : on retourne à la situation de 1950 Avec ce conflit, la guerre froide a pris une dimension mondiale. Et surtout on s'est fait suffisamment peur pour se dire qu'il faudrait calmer le jeu…

II) 1953-1973 : DE LA COEXISTENCE PACIFIQUE À LA DÉTENTE

POLYCOPIES : LA DETENTE ET LA SITUATION A LA FIN DES ANNEES 60

A) Le dégel : la coexistence pacifique

La mort de Staline (5/03/1953) entraîne un dégel immédiat
Les Russes sont les premiers à proposer la coexistence pacifique, dès le mort de Staline (5/03/1953). Au XXe Congrès du Parti Communiste Soviétique (février 56), le nouveau dirigeant de l'URSS, Nikita Khrouchtchev admet que les deux systèmes (capitalisme et communisme) peuvent coexister sans s'agresser.
URSS et Etats-Unis ont tout autant intérêt au dégel l'un que l'autre :
* la course aux armements handicape lourdement l'économie des deux pays (fabriquer des armes coûte cher !)
* un nouvel acteur vient troubler les relations internationales : les 29 premiers États qui viennent d'accéder à l'indépendance, le Tiers-Monde, viennent de se réunir à Bandung (1955) et ont affirmé ne pas vouloir s'aligner sur l'un ou l'autre des deux Grands (VOIR LE COURS SUR LA DECOLONISATION ET L'EMERGENCE DU TIERS-MONDE).
* mais surtout, depuis que l'URSS a la bombe nucléaire (bombe A 1949, bombe H en 1953), c'est l'équilibre de la terreur nucléaire : les deux savent qu'ils peuvent s'anéantir mutuellement et que ce n'est peut-être pas la peine d'en arriver jusque là…

Deux évènements, en 1956, illustrent bien cette volonté de s'entendre :
- Les ÉU laissent l'URSS réprimer dans le sang la tentative de la Hongrie de s'éloigner du modèle soviétique. En d'autres temps, les Américains auraient certainement sauté sur l'occasion de causer du tort à l'URSS en aidant les Hongrois, mais là, ils ne disent rien : "fais ce que tu veux dans ton camp, du moment que je peux faire la même chose dans le mien"…
- ÉU et URSS vont même s'entendre pour arrêter une attaque franco-anglo-israélienne sur l'Égypte censée punir Nasser (le dirigeant égyptien) parce qu'il a nationalisé le canal de Suez, contrôlé financièrement par la Grande-Bretagne et la France.

B) Les limites du dégel

Deux graves crises viennent remettre en cause la Coexistence pacifique
* La 2nde crise de Berlin en 1961 avec la construction du mur : VOIR LE DEVOIR SUR BERLIN
* La crise des missiles de Cuba en 1962 : DOCS 2 et 3 p.176
Un avion espion américain prend des clichés de l'île de Cuba, devenue communiste en 1959 (Révolution de Fidel Castro), qui révèlent la présence de rampes de lancement de missiles, pointées vers les ÉU. Dans le même temps, on apprend que des navires partent d'URSS, avec à leur bords des missiles justement, et se dirigent vers Cuba… Le président américain J. F. Kennedy réagit fermement et annonce dans un discours le 22/10/1962 qu'il attaquera l'URSS si un seul missile est tiré depuis Cuba Les négociations et menaces vont durer plusieurs jours, au cours desquels le monde retient son souffle, persuadé que la 3e Guerre mondiale va éclater. Finalement Khrouchtchev cède et les navires russes font demi-tour. N'empêche que les deux Grands se sont fait peur. Cette crise très grave leur a montré la nécessité de dialoguer et que ce dialogue est possible puisque cela vient de marcher.

. C) La Détente (1963-1973)

DOSSIER p.166-167

C'est pour cela qu'est établi un "téléphone rouge" (en fait un télétype, sorte d'ancêtre du fax) entre la Maison Blanche à Washington et le Kremlin à Moscou, qui permet aux deux Grands d'être en contact permanent. Mais, la crise de Cuba et la prise de conscience que tout affrontement serait suicidaire ne sont pas les seules raisons qui les poussent à la Détente : chacun a des problèmes avec ses propres alliés.
* La suprématie américaine est contestée dans son bloc et notamment par la France de De Gaulle qui quitte l'OTAN en 1966. En plus, les ÉU sont enlisés dans la guerre au Vietnam, et la population américaine conteste de plus en plus cette guerre coûteuse en hommes et en argent (DOC 3 p.166).
* De son côté, l'URSS a aussi des problèmes avec ses alliés. Elle rompt avec la Chine communiste de Mao en 1963 (Mao conteste la Coexistence pacifique qu'il considère comme une soumission de l'URSS aux ÉU). En plus, les démocraties populaires d'Europe de l'Est s'agitent en demandant plus de démocratie. En 1968, la Tchécoslovaquie d'Alexandre Dubcek essaie de se démocratiser ("socialisme à visage humain"), tentative qui est réprimée dans le sang, comme en Hongrie en 56 (DOC 2 p.166).

Attention cependant aux visions trop idéalistes : la Détente, c'est admettre la discussion avec l'autre sur des problèmes pouvant exister, mais on n'abandonne pas pour autant le surarmement, considéré comme une force de dissuasion. Mais, des avancées considérables sont faites ;
* Les deux Grands s'entendent pour diminuer l'armement nucléaire (mais que le nucléaire et pas les armes dites conventionnelles = missiles, chars, avions, etc.). Le traité le plus important qui est signé est les accords SALT 1 (Stratégic Arms Limitation Talks) en 1972, dans lequel ils s'engagent à limiter leur arsenal nucléaire.
* Les dirigeants des deux pays se rencontrent fréquemment et signent des accords de coopération (deux exemples parmi d'autres : en 72, les ÉU acceptent de livrer des céréales à l'URSS ; en 75, un vol spatial commun Soyouz-Appolo a lieu, DOC 4 p.167…)
* L'apogée de la Détente semble être la conférence d'Helsinki (Finlande, 1975 : DOC 5 p.167) où tous les participants, EU, URSS et leurs alliés, se promettent mutuellement de ne plus contester les frontières héritées de la guerre, de coopérer du point de vue économique et se tout faire pour s'entendre…

En fait, la confrontation indirecte entre les deux Grands se déplace vers le Tiers-Monde, en périphérie des deux blocs, d'où leur nom de conflits périphériques.

D) La persistance de conflits périphériques

Dans tous les cas, URSS et ÉU s'entendent pour éviter que ces conflits ne dégénèrent en crise grave, mais ces conflits se déroulent quand même… :
* La guerre du Vietnam où les Américains sont engagés depuis 1965. Ils apportent une aide militaire au Vietnam du Sud, capitaliste contre le Vietnam du Nord communiste (les combattants nord-vietnamiens sont appelés Vietcongs). Ils y connaissent de cuisants revers après 1968 et se désengagent progressivement du conflit, avant de partir définitivement du Vietnam en 1975, quand les chars vietcongs entrent à Saigon, capitale du Sud Vietnam. Il s'agissait pour les Américains d'endiguer le communisme en Asie du Sud Est (théorie des dominos : si un pays devient communiste dans cette région, tous les autres le deviendront). Paradoxalement, cet enlisement américain renforce la Détente : ils sont trop embourbés dans ce conflit pour se permettre de se mettre l'URSS à dos.
* La guerre au Proche-Orient (DOSSIER p.180), où plutôt devrions-nous dire les guerres, puisque Israël et les pays arabes de la région entrent 4 fois en conflit : en 1948/1949, en 1956 (affaire de Suez), en 1967 (Guerre des 6 jours) et en 1973 (guerre du Kippour). A chaque fois, les conflits tournent à l'avantage d'Israël qui agrandit son territoire. Le Proche-Orient devient une véritable poudrière, avec le rajout du problème palestinien. Dans ce contexte très difficile, les ÉU (pro-israéliens) et l'URSS (pro-arabes) poussent à la négociation, tout en soutenant leurs alliés respectifs. En vain, donc…

Mais la Détente va bientôt être remise en cause… C'est la seconde partie de ce cours.

L'AFFRONTEMENT EST/OUEST ET
LA DISSOLUTION DES BLOCS DE 1945 À NOS JOURS
Seconde partie (1975-1995)

Et tout de suite, la suite…

I) LES RELATIONS INTERNATIONALES GRIPPÉES (1975-1985)

La Détente ne dure pas. A partir du milieu des années 70, les relations Est/Ouest se dégradent de nouveau : on parle de "guerre fraîche" pour distinguer cette période de celle proprement dite de guerre froide (1945-1953), mais on revient bien à des réflexes et à un discours dignes des premières années de l'affrontement des blocs.

A) Le repli américain et les avancées soviétiques

Cela peut paraître incroyable, mais à la fin des années 70, les Etats-Unis sont affaiblis diplomatiquement et politiquement.
Ils doivent encaisser un certain nombre de claques difficiles à surmonter :
* à l'intérieur :
- Le pays est ébranlé par une crise politique : une enquête révèle que le président républicain Nixon (1968-1972, réélu pour un 2nd mandat en 1972) est compromis dans une affaire d'écoute illégale : le Watergate (du nom de l'immeuble où ont été posés les micros, dans lequel se trouvaient les bureaux du parti démocrate). Il démissionne en août 1974.
* à l'extérieur :
- Ils n'ont pas pu empêcher le Vietnam de devenir communiste. En 1975, les chars vietcongs entrent dans Saigon, capitale du sud Vietnam pro-américain et les derniers Américains encore présents quittent le pays en catastrophe. C'est un échec cuisant pour les É-U. Le Vietnam va même envahir le Cambodge (DOC 3 p. 172)
- En Iran, pays ami des É-U, a lieu une révolution islamiste menée par l'ayatollah Khomeyni (1979) qui instaure un régime fondamentaliste très anti-américain. Les É-U perdent un allié précieux dans la région. Les choses se compliquent encore lorsque le personnel de l'ambassade américaine à Téhéran est pris en otage (toujours en 79). Le président Carter va tenter de libérer les otages par la force et c'est un fiasco total.
- Les É-U ne s'entendent plus aussi bien avec leurs alliés occidentaux. Le problème est avant tout économique : il y a des tensions avec le Japon et la Communauté Economique Européenne qui tournent à la guerre commerciale. En plus, la CEE ose passer des accords de coopération avec l'URSS concernant le gaz naturel…

Durant cette même période, l'URSS, au contraire, accroît son influence :
En dépit de quelques difficultés en Europe de l'Est (notamment en Pologne au début des années 80), l'influence de l'URSS dans le monde est à son maximum :
- Les Soviétiques interviennent en Afghanistan en décembre 1979, à la demande du gouvernement communiste du pays, qui se sent menacé car de plus en plus contesté par la population afghane. Cette intervention est considérée par les Occidentaux comme une remise en cause de la Détente.
- Ils gagnent en influence en Asie, par le biais du Vietnam, qui s'aligne sur l'URSS dès 1975 (DOC 3 p. 172).
- Ils avancent en Afrique où de nombreux pays tombent sous leur influence
- Ils progressent également en Amérique latine, en soutenant les guérillas communistes contre des régimes souvent dictatoriaux favorisés par les Américains.
- Enfin, ils déploient une impressionnante puissance militaire et notamment en Europe de l'Est, où ils installent de nouveaux missiles (les SS20, appelés aussi Euromissiles) pointés sur l'Europe de l'Ouest.

B) Le raidissement des É-U : "America is back"

Les É-U finissent par réagir en durcissant leur position : ils rompent le dialogue Est/Ouest engagé depuis la Détente.
Ce raidissement est visible dès la fin du mandat Carter (1976-1980) : refus de ratifier les accords SALT 2, mesures symboliques contre l'URSS comme l'arrêt de livraison de céréales ou le boycott des Jeux Olympiques de Moscou en 1980…
Mais, le champion de la réaction est Ronald Reagan (1980-1984, réélu en 1984-1988) qui développe un discours expliquant que l'URSS c'est "l'empire du mal", le "Grand Satan" et que, avec lui, "l'Amérique est de retour". Tout un programme…
Les mesures concrètes qu'il prend sont révélatrices :
- Les É-U aident financièrement tous ceux qui luttent contre le communisme : les régimes dictatoriaux d'Amérique latine (la guerre civile ensanglante la région), les résistants afghans, y compris certains mouvements intégristes (et notamment un certain Ben Laden, alors leur allié). Ils tentent également de contrer l'influence de l'URSS en Afrique.
- Reagan redonne la priorité au budget militaire : c'est à cette époque que l'on conçoit le projet IDS (dit aussi "guerre des étoiles", véritable défi technologique et financier…), qu'on implante en Europe occidentale des missiles pointés sur l'URSS (Pershing II. Voir le DOC 4 p.177).
- Pour payer tout cela, Reagan fait des coupes sombres dans les budgets sociaux et dans l'aide envoyée dans le Tiers-Monde…

II) UNE NOUVELLE DÉTENTE ET L'EFFONDREMENT DU BLOC DE L'EST (1985-1995)

A) Le dialogue renoué : la Nouvelle Détente

TP SUR GORBATCHEV

En 1985, Mikhaël Gorbatchev arrive au pouvoir (1er Secrétaire Général du Parti Communiste d'Union Soviétique = chef de l'État en URSS) et manifeste aussi un désir de relancer la Détente et de mettre un terme à la Guerre fraîche.
Pourquoi ?
Parce que si l'URSS paraît puissante vue de l'extérieur, ce n'est pas vraiment le cas vu de l'intérieur…
- L'économie stagne : l'industrie est très peu performante, l'agriculture improductive, les conditions de vie des Russes se dégradent… L'URSS n'a plus les moyens de payer la course aux armements que vient de relancer Reagan.
- L'URSS est de + en + isolée sur le plan international :
* Les Démocraties populaires d'Europe de l'Est commencent à se rebiffer contre l'autorité de Moscou (Hongrie, Tchécoslovaquie, Pologne…)
* Les tensions sont vives avec la Chine, l'autre géant du communisme
* La politique extérieure de l'URSS est de plus en plus contestée dans le monde : on critique l'intervention en Afghanistan où l'URSS est en train de s'enliser (certains disent que l'Afghanistan a été le Vietnam des Russes), le déploiement des missiles SS2O en Europe, etc.

Bref, pour Gorbatchev, il apparaît clairement qu'il faut réformer l'URSS en profondeur, autant à l'intérieur qu'en ce qui concerne la politique extérieure. Les réformes que Gorbatchev entreprend tournent autour de 2 axes :
- La Perestroika = la "Reconstruction" en russe. Il s'agit de reconstruire le système socialiste en instaurant une réforme radicale de l'économie (autorisation des entreprises privées individuelles, création de coopératives agricoles encouragée, ouverture du marché soviétique aux investissements étrangers, etc.)
- La Glasnost = "Transparence" en russe : suppression de la censure, libération de nombreux dissidents politiques jusque là emprisonnés ou en résidence surveillée, rétablissement des libertés d'expression et de religion…
En 1990, le nouveau Congrès (une autre création de Gorbatchev) abolit le "rôle dirigeant du Parti" (en URSS, le PC contrôlait toutes les institutions) et élit Gorbatchev président de l'URSS pour 5 ans.

Gorbatchev fait preuve d'ouverture vers les É-U afin de relancer la Détente. Les É-U répondent favorablement pour plusieurs raisons :
- Ils ont eux aussi quelques difficultés internes : un scandale à propos de vente d'armes à l'Iran est dévoilé (appelé l'Irangate par analogie au Watergate) et dans lequel certains noms de proches de Reagan reviennent régulièrement. Il y a aussi des problèmes économiques liés aux énormes dépenses militaires.
- Il semblerait aussi que Reagan arrivant au terme de son 2nd mandat (il ne peut y en avoir de 3e selon la Constitution américaine) ait voulu passé à la postérité comme le président américain ayant signé des accords historiques avec l'URSS.

Cette reprise du dialogue est marquée par des gestes concrets :
- de nombreuses rencontres au sommet entre Reagan (puis G. Bush senior, son successeur) et Gorbatchev créant un climat de confiance propice à la signature de nombreux accords.
- un désarmement progressif des deux Grands :
* signature du traité de Washington le 7/12/1987 (DOC 5 p.177) grâce auquel les missiles SS20 et Pershing II sont retirés d'Europe.
* des accords pour interdire les armes chimiques (1989), limiter l'armement conventionnel en Europe (1990)…
- le retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan comme preuve de leur bonne volonté (les derniers soldats russes quittent le pays en 1989).

Pour expliquer tant de bonne volonté et de générosité, il faut savoir que :
- le monde n'est plus centré sur Washington et Moscou : de bipolaire, il est devenu multipolaire avec de nouvelles puissances émergentes (cf. le cours de géographie sur l'organisation du monde et celui sur la décolonisation) qui refusent de s'aligner sur l'un ou l'autre camp.
- certains conflits échappent totalement au contrôle des deux Grands comme la guerre civile au Liban, la guerre Iran/Irak que ni l'un, ni l'autre ne sont en mesure d'arbitrer.

B) L'implosion du bloc soviétique et la fin de l'URSS

TP SUR LA FIN DU BLOC SOVIETIQUE + CARTE 1 p.174

Petit à petit l'URSS se désengage en Europe de l'Est : Gorbatchev laisse les Démocraties populaires échapper au contrôle de Moscou. Et l'empire soviétique en Europe de l'Est va s'effondrer comme un château de cartes, après une série de révolution non violentes en 1989.
- Cela commence par la Pologne, où le syndicat clandestin Solidarité (Solidarnosc) qui luttait contre le régime communiste depuis le début des années 80 est enfin autorisé. Son leader, Lev Walesa est nommé 1er ministre. C'est la 1ère fois qu'un non communiste participe au gouvernement depuis 1945.
- Cela continue par la Hongrie qui abat le rideau de fer, au sens propre comme au figuré : les frontières sont ouvertes et on annonce officiellement l'abandon de la doctrine du marxisme- léninisme et de prochaines élections libres.
- L'émancipation de la Hongrie conduit à la chute du Mur de Berlin et à la réunification allemande. - En Tchécoslovaquie, c'est la "révolution de velours" où, tout en douceur, l'écrivain-dissident Vaclav Havel, qui a passé de longues années en prison sous les communistes, devient Président.
- Le seul cas de violence est la Roumanie, où Nicolas Ceaucescu s'accroche au pouvoir et est finalement exécuté au terme d'une révolution violente.
Des élections libres sont organisées en 1990 dans toute l'Europe de l'Est et les dirigeants communistes sont tous évincés. Le Pacte de Varsovie est dissous en 1991.
Gorbatchev laisse faire… il faut dire que lui-même a de sérieux problèmes en URSS

Parallèlement, l'URSS est en train de disparaître…
- La Perestroika va trop vite et les Russes connaissent de graves problèmes économiques.
- Un certain nombre de nationalités au sein de l'URSS, comme les États baltes par exemple, commencent à s'agiter, réclamant plus d'autonomie, voire l'indépendance.
Des militaires, mécontents de la politique de Gorbatchev, tentent un putsch (un coup d'État) en août 91. Il échoue, mais un certain Boris Eltsine, en profite pour se mettre sur le devant de la scène. Alors que toutes les républiques fédérées de l'URSS proclament leur indépendance, Gorbatchev doit démissionner le 25/12/1991 (DOC 2 p. 174) : le pays dont il est président n'existe plus !
L'URSS disparaît donc, laissant la place à la Communauté des États Indépendants (CEI)

CONCLUSION : Ce n'est pas pour cela que les choses se sont arrangées…

Bien au contraire, alors que pendant 40 ans, l'affrontement Est/Ouest a dominé les relations internationales, les deux Supergrands faisaient la loi.
Maintenant que l'URSS a disparu (et s'est enfoncé dans une crise économique et sociale), les É-U restent les seuls gendarmes du monde (et ils envisagent ainsi leur nouveau rôle politique et diplomatique : DOC 4 p.175). Mais, il faut bien avouer qu'ils ne s'intéressent qu'aux problèmes qui menacent leurs propres intérêts. Ils peuvent très rapidement intervenir en Irak et au Koweït (Guerre du Golfe en 1990-1991 : DOC 3 p.174), mais se refusent à toute intervention au Rwanda, lors des massacres de 1994-1995…
C'est même cette position hégémonique des É-U qui crée maintenant des conflits : l'intégrisme est une des réponses que certains pays opposent à la toute puissance américaine (DOC 5 p.175).
Alors, certes la Guerre froide est finie, mais cela ne veut pas dire que nous entrons dans une ère de stabilité géopolitique dans le monde. Un nouvel antagonisme Nord/Sud a remplacé celui opposant l'Est à l'Ouest.
La meilleure conclusion à ce cours ? La situation en Afghanistan ou la guerre en Irak…